Extrait du journal

Autrefois, c'était la faute de Voltaire et de Rousseau ; aujourd'hui c'est la faute de Charles Garnier. Oui, si les dames des chœurs manquent de beauté physique ; si les ténors ne ressemblent pas assez exac tement à Antinoos ; si la mélodie : 0 fortune! à ton caprice. est peut-être dénuée de distinction ; si l'orchestre n'obéit pas, aussi bien que les sphères célestes, aux éternelles lois du Rhythme; si la lumière électrique, reflétée dans les armures de fer-blanc, est d'une abominable crudité ; si les rimes de monsieur Scribe ont pour elles une seule excuse, c'est qu'elles n'existent pas, tout cela c'est la faute de Charles Garnier. Je l'avoue, ie n'y contredis pas, j'en conviens, et même je le proclame avec une sombre joie. Or, comme le principal mérite de la France consiste dans la précision, dans la clarté et dans la logique, ce principe une fois admis, tirons-en hardiment les dernières conséquences. Prenons le taureau par les cornes, mettons les pieds dans le plat, et donnons à la pensée pour corollaire immédiat l'action. Que Garnier, chargé de fers et privé de la bienfaisante lumière du jour, soit plongé dans un cachot fétide, et qu'il expire ensuite au milieu des supplices les plus raffinés et les plus divers 1...