Extrait du journal

Comme si l'on n'emportait pas avec soi, autour de soi, en soi tout ce qui touche à la femme aimée ! Mais je croyais encore, en ce temps-là, à ces distractions du voyage qui ne sont qu'une aggravation des peines sincères. Où irais-je ? Je n'en savais rien 1 Mais ne plus voir ces arbres dont l'ombre avait abrité nos promenades du soir, ce ruisseau dont nous avions écouté à deux le murmure, ce moulin dont la roue avait éclaboussé nos rires de ses cascades d'argent pulvérisé. Imbécile. Est-ce que lé ciel change, au-dessus de nos têtes ? Est-ce qu'il n'est pas toujours et partout fait d'un peu d'azur que traverse le vol éperdu des nuées ? Or, l'amour véritable habite le ciel. Mon m nce bagage rassemblé, j'attendais, le premier, sur la petite place, la diligence qui fait le trajet d'Argenton au Blanc, dans ce beau paysage du Berry, un des plus frais et des plus charmants de la France et que le génie de George Sand a fait immortel. Les belles prairies émaillées de crocus et coupées de cours d'eau rapides sur lesquels pleurent des saulaies ; les jolis fonds do collines bleues qui semblent chevauchées par des massifs de bois pareils, la nuit, à de fantastiques cavaliers ! Mais c'est le matin que je partais, un matin clair de septembre tout frissonnant sous le premier so....