Extrait du journal

Il est vrai qu'il ne se pouvait rien voir, lorsque régnait la duchesse de Berry, de si intime ni de plus ravissant que le boulevard des Italiens. La populeuse et monotone voie publique qui s'appelle ainsi aujourd'hui n'en donne plus là moindre idée. Mais, voyons, qui n'a fréquenté quelque ville d'eaux, quelque plage à la mode où il y a soit un mail ombragé, soit une certaine avenue de tilleuls bordée de jardins, de petites boutiques et de restaurants dont la bonne compagnie fait son rendez-vous ? On vient là, rappelez-vous, vers midi, pour déjeuner ; puis on y reparaît vers cinq heures, en Voiture, parfois à cheval ; on s'arrête à la tertasse d'un café, où les hommes s'asseoient, regardent avec une, dérisoire fatuité passer les femmes ; les plus élégantes parmi celles-ci se font servir dans leur calèche une glace ou un sorbet ; après quoi, chacun rentre dîner chez soi et s'en retourne de nouveau, la nuit tombée, perdre une ou deux heures à se dévisa.ger mutuellement en contant des potins et des calomnies. Car tout le monde se connaît, sur ce mail ; seuls s'y rencontrent les oisifs et les désœuvrés, les gens du bel air ; n'étaient les...