Extrait du journal

Sanvito le poignarda net, au milieu de la foule recueillie, et personne n'osa le dénoncer. On indiquait un champ de fougères soyeuses, bordé de chenaux où il avait eu, la nuit, toutes les femmes d'un village voisin. Il s'était épris, disait-on, d'une jeune fille dont le visage était un mystère de laideur, et qui mourut, dès qu'il la délaissa. Il avait longtemps porté à son feutre la merveilleuse chevelure noire d'une femme disparue mystérieusement. Pendant deux jours, au-dessus de sa porte, il pendit les deux cuisses de son amante, et lorsqu'un corbeau, bec acéré, s'y posait, il l'abattait d'un coup de fusil. Il habitait seul, avec un vieux pâtre taciturne, son domestique, dans une manière de castel, qui dressait sa masse âpre, velue, lézardée, presque informe, ridicule comme une bosse de bouffon, sinistre comme la grimace d'un masque douloureux, au haut d'un monticule escarpé....