Extrait du journal

De toutes les impressions que je vais chercher, tous les ans, dans ma terre natalc de Normandie, je n'en ai trouvé -qu'une seule, cette année, qui, par sa prol'ondeur, pût s'ajouter à des souvenirs personnels dont j'aurai dit la force — peut•€tre insensée — quand j'aurai écrit qu'ils ont réellement pour moi force de spectres. La ville que j'habite ea ces contrées de l'Ouest, — veuve de tout ce qui la fit .si brillante dans ma prime jeunesse, — mais vide et triste maintenant comme un sarcophage abandonné, je l'ai, depuis bien longtemps, appelée « la ville de mes "Spectres » pour justifier un amour incompréhensible au regard de mes amis qui me reprochent de l'habiter et qui s'en étonnent. C'est eux, en effet, les spectres de mon passé évanoui, qui m'attachent si étrangement à elle. Sans ses revenants, je n'y reviendrais pas !...