Extrait du journal

à l'humanité par quelques côtés de sa nature vulgaire et périssable ; mais il s'élève ,au-db>."sus de l'humanité par tout ce qui constitue son noble et vigoureux génie. Proclamons Ses faits tels qu'ils sont : M. Huguenet est un artiste qui, pendant une grand nombre d'années, a poussé la chansonnette avec une verve inimitable et qui a conquis Paris en exerçant sa domination sur les provinces. Après quoi, il a daigné interpréter des rôles dans des pièces modernes que composaient sans doute des écrivains que le ciel en naissant avait formés, dramaturges — eût dit Boileau — mais que lui, Huguenet, illuminait, recréait parce qu'il est Huguenet et parce qu'il ne peut pas ne pas donner la vie à tout ce qu'il touche, et parce qu'il ne peut pas ne pas faire quelque chose de rien. Alors la Comédie-Française, qui est l'Académie des artistes incomparables, désira s'enorgueillir d'Iluguenet. Huguenet se persuada que tout ce qui reluit n'est pas or, et il demanda beaucoup d'argent avec beaucoup de considération. Entre temps, il joua triomphalement deux rôles où il agrémenta son interprétation psychologique de clins d'œil et de ronds de jambe, familiers aux acteurs de vaudevilles, et qui parurent aux spectateurs du Théâtre-Français le fin du fin, le dernier mot de la nouveauté, le comble de l'art, l'art poussé au suprême degré, et même poussé un peu au delà du suprême degré. Après quoi Huguenet sourit sans vanité, en homme supérieur, habitué à sa supériorité et à l'idée qu'on se fait de sa supériorité et à 1 idée meilleure encore qu'il se fait d'elle, puis il entreprit de réclamer à la fois plus de considération et plus d'argent....