Extrait du journal

Puis, m'étant retourné vers le salon des joueurs, je vis tranquillement assis sur la banquette, dans une attitude à la fois silencieuse et solennelle, six chefs arabes très décorés qui regardaient le bal avec leurs grands yeux noirs, d'une fixité grave qui ne s'étonne de rien. Tous ces caïds, ces cheiks et ces chériffs sont très flattés d'aller aux grands bals du gouvernement; ils sollicitent au besoin l'invitation et seraient très fâchés de ne pas la recevoir ; mais ils n'ambitionnent pas cette faveur dans un but de divertissement frivole. Ils restent cloués à leur banquette toute la nuit, insensibles aux plaisirs de la danse, aussi bien qu'aux séductions du buffet et aux ra raîchissements de la buvette....