Extrait du journal

Le grand-duc Constantin vient d'être frappé d'une attaque de paralysie, et en dépit de la dépêche empreinte d'optimisme, envoyée mercredi à Paris, pour permettre au roi Georges de Grèce, son gendre, de se rendre à l'invitation à diner du président de la République, son état est des plus alarmants. Le grand-duda soixante-deux ans et, malgré sa prestance imposante qui persiste, on sent depuis quelques années, en le voyant, que son organisme est fort ébranlé et ne saurait offrir que peu de résistance à une secousse telle que celle qui l'atteint. Le grand-duc s'en va de la vie lassé, attristé. Il avait bercé sa jeunesse de grands desseins politiques; les événements, d'année en année,ont anéanti davantage ses rêves ; il avait espéré jouer un rôle prépondérant dans l'empire à l'avènement de son neveu Alexandre III; le czar lui a fait comprendre que son programme pour le gouvernement de ses Etats était la devise de Médée : « Moi seul et c'est assez ! » et, tout en gardant envers lui les égards qui convenaient, l'a tenu éloigné de son trône ; d'autre part, la conduite de son fils aîné, Nicolas, lui a fait au cœur une blessure inguérissable, et lui-même s'est fermé pour jamais les consolations et la paix du foyer domestique....