Extrait du journal

Nous avons pris l'initiative chez nous do comparer Jules Verne à Wells. Nous avons vu ien lui un conteur à l'imagination aussi fertile que celle de Jules Verne, aux concepts et aux rêves aussi amusants et qui, plus que notre romancier national des familles bourgeoises, est un artiste et qui mieux que lui excelle à envelopper en chacune de ses fictions quelques;unes de ces fortes idées qui ne s'adressent plus à des enfants, mais à des hommes. Nous avons vu en lui un des ces romanciers-prophètes qui s'attachent à pressentir avec verve ce que sera l'humanité future, quand les progrès ^scientifiques qui sont actuellement en germe seront accomplis. Nous l'avons reconnu natuxaliste savant, habile ingénieur, chimiste hardi, électricien de premier ordre, économiste distingué, sociologue éminent, bref, ayant toutes les qualités qui peuvent faire les bons prophètes, sinon les bons romanciers. Il s'est donc appliqué à prophétiser avec une audace qui déconcerte. Mais souvent il a introduit. dans ses inventions, dans ses hypothèses, dans ses chimères, dans ses utopies, des propabilités saisissantes, des probabilités qui effrayent. Wells prophétise autant et plus que Jules Verne. On établira plus tard le bilan de ces deux prophètes. Jules Verne était fier d'avoir annoncé au monde la navigation sous-marine et la direction des ballons. Quelles sont les prophéties de Wells qu'il faudra retenir dans le siècle prochain. Il en est une dont la réalisation nous sera particulièrement précieuse ; c'est celle qui annonce la suprématie mondiale de la langue française 1...