Extrait du journal

Au fond, ces excellents Norvégiens qui assourdissent l'Europe de leurs cris pour obtenir un monarque — malgré la fable des Grenouilles qui demandent un roi — sont capables de tout, des idées les plus folâtres comme des idées les plus graves. Ils se croient d'esprit très libre et dans cette aventure ils ont véritablement l'air de Grosjean qui en remontre à son curé. Oui, ils se croient l'esprit très libre ; mais la tradition pèse sur eux de tout son poids. Elle pèse assez lourdement. Ils se séparent de la Suède. Ils font acte de majorité politique assez pétulante. Et, soudain, la timidité de leur antique vertu les reprend. Ils n'osent pas se déclarer en République. Ils mendient un Roy ! A leur place, il me semble que j'élirais un Norvégien célèbre — ou peut-être un Norvégien obscur, pour voir ce dont il serait capable. Mais eux, tant le sentiment de la tradition les domine, veulent absolument un fils de roi. Il leur faut un dégénéré de quelque vieille race. Ils frappent à toutes les portes des palais royaux. On ne leur répond pas. Alors, ils quêtent le plus près possible du trône. Ils appellent le comte Lonyay, « épouseux » de fille royale, comme dirait le bon poète berryaud, Hugues Lapaire. On ne voit pas bien ce qui destine le comte Lonyay au trône de Norvège. A moins que ces Norvégiens, si rigolos, n'aient voulu simplement réhabiliter l'amour et aussi faire un plaisir imprévu au roi des Belges....