Extrait du journal

Jeanne avait une beauté douce, d'un charme subtil à en mourir. Elle m'aimait profondément. Je l'aimais aussi. Elle travaillait chez une modiste. Le matin je l'accompagnais à son magasin, j'y retournais le soir pour la prendre. Et les soirées n'étaient jamais monotones; nous les passions soit chez nous, soit à la brasserie ou à Bullier. Elle détestait un peu ce concert. Elle lisait beaucoup, surtout les poètes. Elle redoutait la solitude : « Je me sens toujours seule, me disaitelle souvent; il me semble_que noâmes, malgré que nous vivions côte à côte, sont bien lointaines et ne se connaissent point. » Elle adorait la campagne. Nous y allions le plus souvent possible. L'eau et les feuilles, bien plus que les fleurs, attiraient l'âme de mon amie, qui était un grand délice parfumé. Je n'y surprenais jamais une ombre. Sa limpidité demeurait toujours sereine....