Extrait du journal

C'est à l'hôtel de M. Albert Millaud que le Paris qui a des loisirs et de l'argent à dépenser a tenu ses assises tous ces derniers jours. Il s'agissait, d'abord, de voir comment se loge la littérature à notre époque, puis de juger, d'après les adjudications du commissaire priseur, le taux auquel elle paie ses fantaisies d'ameublement et de décor, ses goûts artistiques, son faste de collectionneur. L'épreuve a été concluante et plus d'un homme sérieux, plus d'un père de famille positif ne croyant qu'aux gens ayant « un établissement » ont pu constater, rue Nouvelle, que la littérature a cessé d'une carrière à condition qu'on en sortît. Je ne sais guère de célibataire du Jockey-Club possédant une garçonnière capable de rivaliser avec celle qu'abandonne aujourd'hui l'auteur du Fiacre 117 et force est aux plus hostiles à la gent littéraire parmi le monde des cercles et des salons de reconnaître que la vie de bohème et les installations hasardeuses ne sont plus à l'ordre de la république des lettres de cette fin de siècle. En même temps qu'ils arrivent à la réputation les écrivains aujourd'hui parviennent à la fortune....