Extrait du journal

Le deuxième jour me transporte a irois ans plus tard. C'est à bord d'un steamer, entre le Havre et Southampton. Le soir approche, ou plutôt un interminable crépuscule. L'eau colossale, mère de tous les êtres, se lève sur l'horizon, pousse la plainte éternelle. Un peu d'écume roule jusqu'au pont; le sillage de neige luit sur des nappes glauques. Notre grande maison flottante bat de son cœur d'acier, expire une impure haleine. Et je sens que la terre n'est rien, que les continents ne sont que des îles, que les mers sont la surface naturelle du globe. Je sens que je suis sur la vraie vie du globe, Slfr la palpitation de la planète nourricière — et cette chose formidable et grondante m'est douce — elle m'emplit d'un sentiment filial — d'une tendresse abondante et timide....