Extrait du journal

Nul n'ignore qu'au matin du 15 juillet la politique s'est mise en vacances. La discorde l'a suivie et j'ai emboîté le pas. Rien, en ces temps sans douceur, ne m'a paru plus souhaitable qu'une cure de solitude, de silence et de sérénité. Une retraite spirituelle ? Si vous voulez. Du moins un exercice de bienveillance. Foin de la colère ! Laissons pour un temps notre encre vengeresse sécher dans l'écritoii-e' ! Bref, ayant à opter entre l'onde et les cimes, mon choix s'est porté sur les cimes. Non, croyez-le que, dans le dessein de méditer en dominant les vains bruits de la terre, j'aie confondu altitude et élévation. Mais je ne connais rien de meilleur que la vie en montagne, si ce n'est la société du montagnard. A vous, cher Méditerranéen, irréductible partisan des eaux d'azur et du farniente balnéaire, je ne vanterai point la joie sans égale de parcourir la glace et la pierraille en souliers de troupier. Croyez, du moins, qu'aux yeux d'un journaliste rassasié de Vacarme et de scandales, la pureté des monts vaut bien celle des flots. S'il est vrai que le bleu de la mer est le seul bleu qui, trempé dans l'eau, ne déteint pas, le blanc des glaciers est le seul blanc que l'air de 1935 ne peut ternir......