Extrait du journal

Le 9 novembre au soir, quand la radio officielle essayait de gon fier en combats honorables quel ques vagues escarmouches entre patrouilles isolées, un jeune lieute nent de chasseurs d’Afrique se trouvait tout près de moi dans un wagon du métro. Il était beau, mutilé d'un bras, et portait quatre décorations. Il attirait, en une telle journée, tous les regards. Un voyageur s'approcha de lui et lui demanda s'il avait eu vent de certains bruits de mobilisation française qui couraient vague ment : c C'est un bobard évident, s'écrie le lieutenant d'une voix re tentissante. On mobilisera certai nement, mais dans deux mois, quand « Ils » débarqueront à Mar seille et que nous chasserons les « verts » avec eux. » Son loyal visage étincelait de joie. Les milliers d'autres Français qui n’avaient pas tous d'aussi glo rieuses excuses, tressaillaient ce soir-là du même bonheur. N'est-il pas devenu possible d'obtenir d'eux quelques instants de ré flexion ? Le candide et beau lieutenant meut fait fusiller séance tenante $ U en avait eu I# pouvoir, en 1941, en 1942. Moi et quelques autres. Qui de nous, cependant, était le meilleur patriote 7 Nous ne nous sommes trompés que sur...