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Je suis partout, 8 avril 1933

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Je suis partout
8 avril 1933


Extrait du journal

Financiers « de gauche » Il y a quelques mois, M. Henry Vhéron, alors ministre des Finances, s’écriait à la tribune de la Chambre : < Les finances île la France, Messieurs, sont au pillage... Nous sommes en déficit ! Rien que pour l'immédiat, il nous faut trouver 11 milliards. C’est un chiffre audessous duquel je ne réponds plus de rien. Aussi n’en rabattrai-je pas cent sous. L'équi libre budgétaire avant tout ! Songez à la France, Messieurs, et songez au franc ! » Puis M. Georges Bonnet et AÏ. Lucien I.amoureux ont remplacé M. Henry Chéron. Ils étaient si minces, si maigres, si « petits garçons » qu’à deux ils occupaient à peine la place marquée au banc du gouvernement par les larges « as sises » de leur prédécesseur. Les députés se regardèrent avec dans l'œil une nuance d’in quiétude, mais ils furent vite rassurés. M. Georges Bonnet et M. Lucien Lamonrcux ne se risquèrent point dans des considérations générales sur l'avenir économique et financier de la Chambre. Ils se bornèrent à déclarer devant la Commission des Finances : « Le bonhomme C héron a exagéré... En réalité, si vous nous donniez cinq milliards, on pourra^ peut-être s’arranger. > Les commissaires n'ont ’ pas donné les cinq milliards. Pourquoi se se raient-ils gênés ? Ils savaient que le gouver nement se contenterait de 4, de 3, de 2 mil liards, qu'il ne poserait pas la question deconfiance et qu'il était résolu à déclarer en fin de compte que tout s’arrangerait, même sans ressources nouvelles. M. Henry C hé ron n’aurait-il pas dit la vérité lorsqu’il parlait d’un déficit de 11 milliards au moins et c de finances mises au pillage » ? On peut se le demander, car l’ancien ministre reste muet ou presque. Il a parlé, il y a quel ques semaines, au Luxembourg. Ce fut simple ment pour demander son admission au groupe ment radical-socialiste de la Haute-Assem blée ! En réalité, M. Henry Chéron avait raison hier, et s’il ne dit rien aujourd'hui, c’est que l’esprit de parti et la discipline de groupe lui imposent de ne pas gêner — au moins pour le moment — le gouvernement de M. Edouard Daladier. Avant Avignon Ainsi, que ce soit sur le plan de la politique extérieure, que ce soit sur le plan budgétaire et financier, nos dirigeants, incapables de ré soudre les difficultés, ont pris le parti de les nier purement et simplement. Pour tout < bon républicain », il n’y a pas plus d’isolement di plomatique qu’il n’y a de déficit ! Personne dans la majorité n’est dupe de ces affirmations optimistes, mais tout le monde se tait, car il faut sauver la face devant l’élec teur. MM. Georges Bonnet et Lamoureux pose ront-ils la question de confiance lors de la dis cussion de la loi de finances qui va s’ouvrir cette semaine ? C’est peu propable ! Le budget des dépenses et celui des recettes seront votés au gré des interventions démagogiques de la Chambre, sur laquelle ni le ministre des Finan ces, ni le ministre du Budget n’ont d’autorité réelle. Puis le Parlement se séparera. Vacances de Pâques ! Rentre le 1er mai ? Non ! Pour quoi ? Quinze jours de délassement aux champs ne suffiraient-ils pas ? Peut-être ! Mais au début de mai s’ouvre la session des Conseils généraux. La plupart des parlemen taires étant conseillers généraux, ôn ne peut leur demander de venir siéger au Palais-Bour bon et au Luxembourg avant le 9 mai. La date du 16 mai pourrait bien être choisie. Mais, direz-vous, il ne restera donc que quinze jours ou trois semaines au plus aux deux assemblées pour se mettre d’accord ! Eli oui ! L'ensemble du budget ne sera donc vrai semblablement voté que dans la nuit du 31 mai au 1” juin. Rien ne dit que nous n’aurons...

À propos

Anticommuniste, profasciste, antisémite et positivement favorable à Hitler, Je suis partout est le journal d’extrême-droite le plus violent jamais publié en France. Si violent que son directeur Arthème Fayard, fondateur des éditions Fayard, décide dès mai 1936 de cesser sa parution. À sa mort en novembre 1936, le journal est toutefois relancé par son fils et Pierre Gaxotte, futur membre de l’Académie Française.

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