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Je suis partout, 12 septembre 1931

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Je suis partout
12 septembre 1931


Extrait du journal

Voulez-vous me permettre, monsieur et madame, d’interrompre momentanément le jeu de mes « désignations » ? Vous ne m’écoutez plus. Depuis un bon moment, votre lorgnette repose sur le velours rouge de notre tribune. Vous ne vous intéressez plus à ce que vous raconte votre guide, mais à ce qui se passe dans la salle. Comme vous avez raison ! Un vote I On vote ! Qui : « On » ? Eh bien ! mon Dieu ! vous le voyez bien. D’abord les députés. A droite, au centre, à gauche, vous en voyez qui attendent sagement l’instant où ils dépo seront dans l’urne le petit carton blanc ou bleu qu’ils ont tiré d’une boite placée devant eux, sur leur pupitre d’acajou. Quelle est la signification de ces couleurs ? Mais, madame, n’avez-vous pas entendu tout à l’heure le président annoncer : « Je mets aux voix la proposition de M. X... Ceux qui seront d’avis de voter pour déposeront dans l’urne un bulletin blanc, les autres un bulletin bleu. Le scrutin est ouvert. > Les « Boîtiers » ...Mais non, madame, les députés ne votent pas à la tribune. Ils ne se dérangent pas pour si peu, sauf dans de très rares et très graves occasions. Des huissiers circulent dans les rangs et reçoivent, dans les urnes bleu-Sèvres et or, le bulletin de nos représentants du peu ple. Ceux-ci n’ont qu’à allonger le bras. Comme vous le voyez, il est rare qu’un dé puté déposé un seul bulletin dans l’urne. Il en dépose, le plus souvent, trois ou quatre. Cer tains les jettent par paquets de dix, de vingt. Ce sont les « boîtiers ». Les « boîtiers », monsieur, sont ceux que vous voyez assis devant non pas une boite, mais vingt, quarante, cinquante, soixante. Les « boîtiers » votent pour les absents. Ce sont des hommes sages, prudents et surtout assi dus. Ils détiennent une foule de consignes et aussi de secrets. « Tu voteras toujours blanc tant que le gouvernement et la commission seront d’accord, mais bleu si la commission est contre (ou pour) le gouvernement. Cepen dant, n’oublie jamais que ma circonscription est plus à droite (ou à gauche) que moi. Et je n’ai pas besoin de te dire que, même contre le gouvernement, je suis pour les fonctionnai res et les pensionnés (ou pour les agricul teurs, les inscrits, les mineurs, les commer çants) et qui si <$ Unttl » (un ministre) a des chances d’être battu par mon vote, il ne faut pas hésiter, au risque même de provoquer un1 crise ministérielle. » Les « boîtiers » doi vent se souvenir de toutes ces consignes. Où l’huissier apparaît...

À propos

Anticommuniste, profasciste, antisémite et positivement favorable à Hitler, Je suis partout est le journal d’extrême-droite le plus violent jamais publié en France. Si violent que son directeur Arthème Fayard, fondateur des éditions Fayard, décide dès mai 1936 de cesser sa parution. À sa mort en novembre 1936, le journal est toutefois relancé par son fils et Pierre Gaxotte, futur membre de l’Académie Française.

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Données de classification
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