Extrait du journal

Semaine lourde non pas d'événements, mais de gestes qui valent des événements. Les grandes décisions, en matière africaine com me en matière rhénane, ont été encore ajour nées d'un mois. Mais ce n’est sûrement pas un mois de « gagne » : les circonstances de ce double ajournement ne permettent guère d’attendre les redressements nécessaires. Simples gestes, en apparence, ces mouve ments de mauvaise humeur du baron Aloisi ou de M. Eden : ce n’est pas la première fois que l’un s’éloigne du tapis vert pour ne pas y rencontrer le délégué du négus ; et ça n'est pas la première fois que l'autre affecte un agacement de bonne compagnie quand on lui parle des concentrations de troupes alleman des sur nos frontières. Mais, au point où en sont arrivées les choses, le maintien de ces attitudes scéniques suppose, imposerait au besoin, des décisions conformes. La politique genevoise, européenne, se durcit donc au point qu’on ne voit guère de possibilité de ma noeuvre. A vrai dire, on n’en voit qu’une, qui aérait tragique pour nous. Elle ne pourra s’opérer que si notre crise intérieure prolonge encore la paralysie, l’impuissance organique de notre diplomatie. Mais, si tel était le cas, elle au rait bien des chances de s’opérer : ce serait une volte-face complète de l’Angleterre. La division de l’opinion publique outreManche, le soin que les membres du gouver. nement de Londres ont pris de souligner en toute occasion qu’il n’y avait pas de conflit anglo-italien, et que toutes les rigueurs qu’ils réclamaient ou exerçaient contre M. Mussoli ni ne s’inspiraient que de leur fidélité au pacte de Genève — et aussi le soin qu’lis ont mis à marquer les embarras, les hésitations de la France — favoriseraient une telle manœuvre : Il suffirait de proclamer que, par la faute « d’autres grandes puissances », le pacte de Genève s'est trouvé inefficace. L’Angle terre reprendrait aa liberté d’action. Elle pro fiterait de ce curieux état d’esprit qui règne aussi bien à Rome qu’à Berlin, où on ne la craint plue assez pour accepter ses veto, mais où l’on croit encore assez à «a puissance pour préférer, pour souhaiter son amitié. Ceux qui doutent que l’équilibre européen puisse survivre à un divorce aussi net entre tes deux grandes nations occidentales doivent tout faire pour conjurer ce risque. LE GARDIEN DE LA VALIS&...