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Je suis partout, 17 juin 1938

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Je suis partout
17 juin 1938


Extrait du journal

| D'abord il était roi. Il était le Roi. : Il avait toutes les vertus de le royauté : l'amour de la France, le sens de la grandeur, l'ambition, la solidité, l'application, le sangfroid. Et puis, il avait appris son métier, comme il faut l'apprendre, dans les épreuves. Il avait peiné, souffert, dormi sur la paille, manqué de pain parfois. Il avait connu1 l'émeute, la fuite, la révolte et la guerre civile. « Nous nous imaginons toujours nos ancêtres, écrit Sainte-Beuve, comme étant à l'enfance des doctrines et dans l'inexpérience des choses que nous avons vues; mais ils en avaient vu eux-mêmes et ils en avaient expérimenté beaucoup d'au tres que nous avons oubliées. » Louis XIV avait connu la Fronde, qui fut une horrible anarchie et une affreuse misère. C'est pour quoi il a été plus roi qu'un prince élevé dans la plume : non pas pour lui-même, mais pour la France, pour le peuple. | Ce sont les petits qui appelaient une autorité ferme, parce que les petits ont besoin d'être protégés contre les gros. Ils voulaient que les gros fussent obéissants et soumis; ils voulaient que le Roi, leur Roi, fût craint, respecté, admiré. Ils voulaient qu'il ; parlât en maître, parce que son langage ' était celui de l'ordre, parce que sous son sceptre s'établissaient la paix publique, le respect des biens et des personnes, la sécu rité des familles et des patrimoines. | Le siècle de Louis XIV est la rencontre miraculeuse d'un grand roi, d'un grand peu ple et d'une génération grandie dans l’avanture. Le premier personnel du règne n'est pas composé de courtisans courbés par le res pect, de bons sujets formés dès l'enfance è l'adulation. Ce sont d'anciens révoltés, des aventuriers, des corsaires de la mer et de la politique, des princes qui avaient pris les armes contre la couronne, des maréchaux qui avaient appelé l'ennemi à leur secours, des bourgeois qui avaient dressé des barri cades, des prédicateurs qui avaient tonné contre la Régente et contre Maxarin, des gens qui s'étaient formés dans les troubles, dans ces heures où sombrent les lois et la justice, où chacun ne peut plus compter que sur lui-même. Louis XIV est grand pour avoir réuni en faisceau les énergies de la discorde, et pour les avoir fait servir è la prospérité et à la gloire de la nation. Il est grand pour avoir régné sur des hommes qui étaient grands eux-mêmes. Il est grand pour s'être fait aimer et obéir d'eux. I II est grand pour s'être entouré des meilleurs, pour avoir demandé leurs conseils, pour avoir suivi leurs avis. II a été instruit et guidé par les hommes les plus intelligents et les plus habiles de son temps. Il a appris la politique de Mazarin et de Turenne, les finances de Col bert. Il avait le goût bon, mais il a su écouter Boileau. Après tout, il aurait pu dire comme Mme de Sévigné : « Racine passera comme le café. » Il aurait pu faire jouer è Versailles la « Phèdre », de Pradon, que les bourgeois de Paris applaudissaient. Il aurait pu suivre les engouements des beaux esprits et faire des succès aux acteurs gon flés, aux poètes précieux. Alors « Tartuffe » notait point joué; « Athalie » n'était pas écrite; Bossuet prêchait dans l'évêché crotté d'une lointaine province; Molière mourait dans la misère, et le siècle avortait. Sentons-nous bien le service que le Roi a rendu au génie français en discernant, en protégeant, en imposant, contre le goût répandu de son temps, ceux qui étaient vé ritablement « les classiques »? I II a donné à la France son visage. Sous son règne, l'Artois, la Flandre, l'Alsace, le Roussillon, la Franche-Comté sont venus rejoindre la couronne. Il a couvert le coeur du royaume d'un bouclier de places for tes, il a gagné l'amour de ses nouveaux sujets, il a fait notre pays plus grand, plus fort, plus beau. Il nous a légué une réserve d héroïsme, et, dans les jours noirs, s'il nous arrivait de douter de notre patrie, il nous suffirait de penser i kii pour reprendre courage. 0 Versailles, ce sont les qualités de la race assemblées, ordonnées, magnifiées. Versailles, volonté d'un homme, d'une équipe et d'une nation! Versailles, créa tion collective! Versailles, chef-d'œuvre de cent artistes, de six mille artisans! Versailles,...

À propos

Anticommuniste, profasciste, antisémite et positivement favorable à Hitler, Je suis partout est le journal d’extrême-droite le plus violent jamais publié en France. Si violent que son directeur Arthème Fayard, fondateur des éditions Fayard, décide dès mai 1936 de cesser sa parution. À sa mort en novembre 1936, le journal est toutefois relancé par son fils et Pierre Gaxotte, futur membre de l’Académie Française.

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