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Je suis partout, 20 septembre 1941

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Je suis partout
20 septembre 1941


Extrait du journal

LB mariage fut célébré à SaintHonoré-d’Eylau. Y assiataient, pour le principal, sept grosses tetes de l’industrie lourde, cinq personne nobles, un nÿnistre et deux généraux. Le voyage de noces se fit en Egypte et dura deux mois au bout desquels le couple se retrouva déjeunant rue Spontini chez les parents de la jeune femme où étaient réunies huit personnes, tout compté. La pièce était nue, sans autres meubles que la table et les sièges. Les murs, couleur de frigidaire, étaient également nus, sauf que le plus grand panneau portait dans un coin un minuscule tableau représentant vois ceri ses sur une soucoupe. On sentait très bien que tout ça avait coûté un prix fou. M. Lasquin, le beau-père, homme de cinquante ans, crâne chauve, teint vif, fine mousta che blanche, l’air capable, distingué, pro fessionnellement sérieux, le beau-père, donc, regardait son gendre avec la gêne de ne pas bien le reconnaître et luttait contre une soudaine faibleaee de sa mé moire, qui lui semblait liée à un mal de tête survenu au commencement du repas. Voilà ce qu’il pensait, non sans efforts : < Beau garçon, belle santé, rien à dire sur la dentition, bien élevé aussi, diplômé de je ne sais plus quoi, ayant derrière lui 1rs aciéries Lenoir et le groupe... non, pas de groupe... Des qualités, beaucoup de qualités. En somme, un excellent parti et qui ne m a pas coûté les yeux de la tête, puisque la dot, pour une part, continue à rouler dans mes usines. Il me semble... il me semble... Voyons... beau garçon, belle santé, rien à dire sur la dentition... » San» s’en apercevoir, il recommençait à dévider le même rouleau dont il laissait, à Abaque tour, se perdre q .\£’.uea mots. Il se rappelait avoir observé chez son gen dre, au temps des fiançailles, certains dé fauts de caractère et s’irritait maintenant de ne pas retrouver dans sa mémoire des griefs pourtant familiers. L’effort de se souvenir fit perler la sueur à ses tempes et, en regardant le garçon, il eut le cœur serré d’anxiété. Le nom même de Pierre Lenoir se brouillait dans sa tète pesante. Entre eux deux, il sentait s’effacer un chemin de compréhension, s’évanouir un lien dont la ténuité annonçait la rupture définitive. Brusquement, il y eut dans ses oreilles un bruit de déclic et ce fut pour lui comme si Pierre Lenoir, cessant d’exister, s’était durci à son regard et à son esprit. Ce passage de l’être à la chose ne laissait plus qu’une forme vaine, impénétrable. Percevant en core qu’il manquait un gendre à son univers, M. Lasquin en souffrit, car il était homme d’ordre, avec un sens exigeant de la continuité. Il passa sa main sur son...

À propos

Anticommuniste, profasciste, antisémite et positivement favorable à Hitler, Je suis partout est le journal d’extrême-droite le plus violent jamais publié en France. Si violent que son directeur Arthème Fayard, fondateur des éditions Fayard, décide dès mai 1936 de cesser sa parution. À sa mort en novembre 1936, le journal est toutefois relancé par son fils et Pierre Gaxotte, futur membre de l’Académie Française.

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