Extrait du journal
Les contribuables ne sont point des no vices. L’Etat prétend désormais recenser et contrôler tous les de pût < m banque. Il veut savoir si vous encaissez des coupons, ou vous déposez votre argent, comment est composé votre portefeuille, si vous avez loué un coffre-fort. Ce recensement inquiète à juste titre les épargnants les plus honnêtes. M. Palmadc en attend, pa rait-il, une recette de 800 millions. Peutêtre a-t-il raison, peut-être a-t-il tort. Mais comme la surveillance de quelques millions de capitalistes, gros et petits, n’ira pas sans la création de quelques milliers de fonctionnaires, le bénéfice des poursuites sera, par avance, dévoré à moitié ou aux trois quarts. Le Français fait des écono mies pour ses vieux jours et pour scs en fants. Ses économies sont le fruit de ses privations et il a justement horreur que le fisc vienne mettre ses grosses pattes dans ses affaires personnelles. Plutôt que de se soumettre à cette enquête, il thésaurisera des billets de banque, mettra des pièces dedix sous dans des bouteilles et cachera son magot dans un pot de fleur ou dans l’armoire à linge. Plus de souscription aux emprunts ; plus d’argent à la banque ; plus d’argent dans les sociétés. Il arrivera aux emprunts français ce qui est arrivé récem ment à l’emprunt marocain garanti par la France : ils ne seront pas souscrits. Ce sera, à bref délai, le renchérissement du loyer de l’argent, la baisse des rentes, la paralysie des affaires, la disparition de la matière imposable, et, en dépit de tout, la plus formidable chasse aux valeurs étran gères que nous ayons vue depuis 1918. • e e Les socialistes ne se font pas d’illusion là-dessus. Mais le recensement des for tunes, c’est le premier pas vers l’emprunt forcé et le prélèvement sur le capital. Jus qu’à présent, seuls les gros contribuables auraient pu, le cas échéant, y être astreints. A un monsieur qui possède un hôtel, une chasse, trois automobiles, une villa à Nice et une propriété à Biarritz, il n’est pas très facile de se faire passer pour un malheu reux. Mais les milliardaires et les million naires ne sont qu’une «minorité. La plus grosse part de la richesse publique est en tre les mains des petits et des moyens qui, à un métier ou à un commerce, joignent quelques milliers de francs de rente, quel ques dizaines d’actions ou d’obligations. Ce sont eux qui, jusqu’à présent, se dissi mulaient le plus facilement. C’est eux que la nouvelle inquisition permettra de saisir et, le jour venu, de socialiser. Voilà le but véritable. Nous nous acheminons un peu davantage vers la suppression de la pro priété. Si le. seul obstacle à la révolution avait été quatre douzaines de nababs, il y aurait longtemps qu’elle serait faite. La société repose sur les petits et sur les moyens, sur tous ceux qui épargnent et pensent au lendemain : ce sont ceux-là que l’on va pourchasser et brimer. La seule circonstance comique est que ce sont eux qui, en mai dernier, ont élu le Cartel « pour la défense des petits »....
À propos
Anticommuniste, profasciste, antisémite et positivement favorable à Hitler, Je suis partout est le journal d’extrême-droite le plus violent jamais publié en France. Si violent que son directeur Arthème Fayard, fondateur des éditions Fayard, décide dès mai 1936 de cesser sa parution. À sa mort en novembre 1936, le journal est toutefois relancé par son fils et Pierre Gaxotte, futur membre de l’Académie Française.
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