Extrait du journal
1.encombrement des lycées et des col leges sera, à la rentrée d’octobre, à son maximum. Les fameuses commissions Monzie ont opéré parmi les postulants une certaine sélection qui a eu. pour base prin< ipalv, le nombre des bancs contenus dans les locaux affectés à la classe de sixième. La où l’économe ne pouvait plus loger un escabeau supplémentaire, la commission s'est montrée impitoyable. Là où on pou vait encore tasser, comprimer, déplacer le poêle et mettre une table en retour, la commission s’est montrée plus humaine. La sélection d’Etat se fait ainsi non plus selon les dons de l’intelligence, mais selon la superficie des derrières enfantins. C'est delà un très beau résultat. Dans le dernier cahier du Cercle Fustel tir Coulanges (I), un cmilient professeur, AL Pozzo di Borgo, nous donne des rensei gnements du plus haut intérêt sur l’état actuel de renseignement, là où fonctionne l’école unique. Dans l’ensemble, l’effectif des classes de sixième a double : 20.469 élèves en octobre 1931, contre 10.842 en octobre 1929. Cette augmentation est due, pour une part, à la natalité plus élevée des années d’après-guerre, et pour le reste, à la gratuité. Dans les régions agricoles, sur tout dans l’Ouest, l’effet de la gratuité a cté faible ou nul. Dans tel lycée normand, la sixième compte 70 élèves, dont 7 ou 8 seulement amenés par la gratuité. Par con tre, dans les régions industrielles, l’ac croissement est dû, pour les deux tiers ou les trois quarts, à la gratuité. En beaucoup d’endroits, on a laissé passer quantité de non-valeurs. Les directeurs d’école primai re ont distribué beaucoup de certificats de complaisance, et parfois les proviseurs ont lait pression pour qu’on n'élimine person ne. Leur avancement ne dépend-il pas de l’effectif de leur établissement ? Le chiffre de 500 élèves ne leur donne-t-il pas droit à un surveillant général, fort commode pour décharger les censeurs du soin de la discipline courante V Désormais, les divisions de 45 élèves sont courantes. Il n’est pas rare qu'un pro fesseur commence l’année avec une classe de 75 élèves, qui n’est dédoublée qu’au bout d’un mois ou deux. Un maître écrit à .VL Pozzo di Borgo : « J'ai des élèves sales, mal élevés et surtout ignares au delà de toute expres sion. Je n’exagère pas en vous affirmant que le quart de ma classe ne sait ni lire, ni écrire (si l’on admet que savoir lire c’est n’estropier qu’un mot sur dix, et savoir écrire ne faire qu’une faute d’orthographe par ligne). A l’heure actuelle, le dressage disciplinaire est acquis, mais l’ignorance subsiste. Avec des effectifs pareils, clic n'a même aucune chance de disparaître jamais. Si bien que mon enseignement a haïsse... Le professeur devient institutrice d’école maternelle, bonne d’enfants, nour rice et père Fouettard. Que! beau métier ! » D'un autre éducateur : « Les éléments nouveaux qu’attire la gratuité ne sont pas particulièrement intelligents et travail leurs : car les meilleurs élèves se présen tent à l’examen des bourses et y réussis sent. L’apport est, en majorité, constitué par des médiocres qui, loin de contribuer à accroître l’émulation, tendent à l’affai blir en noyant l’élite dans la masse des non-valeurs. » Un dernier, enfin, signale que beaucoup des nouveaux élèves sont incapables de travail personnel, de réflexion solitaire, et que leurs familles ne semblent pas en com prendre la nécessité. ® ® ® (Jette dernière constatation me semble presque la plus grave. Beaucoup de gens non instruits s’imaginent, en effet, que l’instruction s’acquiert au lycée comme une escalope chez le boucher. Autrefois on en tendait des parents dire, avec sérieux : * Nous allons payer des études à notre tils. » Et ils croyaient de toute leur âme qu’ayant acquitté en bonne monnaie leur ration de latin, de grec et de mathémati ques, leurs enfants auraient droit à une place de dirigeant, exactement comme on achète son fauteuil a la porte du cinéma. Ils ne se rendaient pas compte que le droit aux études est aussi une obligation de travailler, un devoir et une charge. L’il lusion est pire aujourd'hui ! Les démagogues répètent volontiers que les adversaires de 1 école unique sont mus par des préjugés de classe et qu’ils ne veulent pas que leurs enfants soient mé langés aux entants du peuple. La bonne blague ! Ce mélange a toujours existé depuis qu'il existe des bourses, c’est-àdire depuis sept ou huit cents ans, et il est tréx salubre, lui plus, dans un pays soumis au service militaire obligatoire, la promis cuité du lycée pâlit un petit peu à côté de la promiscuité de la caserne. Non, ce n’est pas aux enfants riches que je pense. Us ne m intéressent pas car ils se débrouilleront toujours, ne serait-ce qu'en mangeant l’ar gent du papa. Ce sont les autres, les pau vres, qui m inquiètent et que je vois avec peine engagés dans une aventure sans is sue. Aller au lycée n’est rien. C’est le travail personnel en dehors de la classe qui compte le plus. Naguère, les parents qui faisaient un sacrifice pour leurs enfants tenaient du moins la main à ce que leur sacrifice ne fût pas vain. Ils regardaient les cahiers, faisaient réciter les leçons, s’assuraient que les devoirs étaient faits. Aujourd'hui encore, dans le tohu-bohu et l'anarchie, « les enfants de famille aisée se tirent d'affaire parce que les parents s'occupent d’eux plus qu’autrefois : les...
À propos
Anticommuniste, profasciste, antisémite et positivement favorable à Hitler, Je suis partout est le journal d’extrême-droite le plus violent jamais publié en France. Si violent que son directeur Arthème Fayard, fondateur des éditions Fayard, décide dès mai 1936 de cesser sa parution. À sa mort en novembre 1936, le journal est toutefois relancé par son fils et Pierre Gaxotte, futur membre de l’Académie Française.
En savoir plus Données de classification - tardieu
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