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Je suis partout, 28 mars 1936

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Je suis partout
28 mars 1936


Extrait du journal

Pour la première fois peut-être depuis que fonc tionne l’actuel mode de scrutin, le* élection* pro chaine* ne subiront pas la loi dite du balancier. Toujours à des Chambre* de gauche ont succédé de* Chambres de droite. Il ne s'agissait, le plus souvent, que de nuances, que de tendances à peine perceptibles, surtout quant aux résultats pratiques, mains c’est un fait : la petite masse flottante des héritants dont dépend l’orientation des législatu res se portait, de quatre ans en quatre ans, du côté national puis du côté cartel ou bloc des gau ches, pour se porter au scrutin suivant du côté national. M. Lucien Komier, d’une touche discrète mais sûre, soulignait récemment ce qu'avait d’illusoire la représentation populaire et le jeu des partis. « Le nombre des électeurs inscrits, écrivait-il dans le Figaro, atteint environ onze millions et demi ; celui des votants environ neuf millions et demi. Or, les 600 députés de toutes nuances sont élus par un total de voix qui surpasse à peine cinq millions, moins de la moitié des inscrits, à peine la moitié des votants. Un citoyen sur deux n’a pas de représentant. Regardons de plus près. La moitié plus un fait la majorité de la Chambre. Cette majorité représente la moitié ou un peu plus de la moitié de la moitié, autrement dit le quart ou un peu plus du quart du corps électoral. Comme enfin le quorum indispensable à la vali dité des votes parlementaires ne dépasse pas la moitié plue, un des députés, une loi peut être votée par 155 voix — ou boites — contre 146 — en fait par un nombre de députés qui représente à peine le dixième des électeurs. On expliquerait aisément par ces chiffres, sans parler d’autres cau ses, les conflits si fréquents chez nous entre la Chambre et l’opinion, une grande partie de l'opi nion, sous toutes ses formes, ayant été mutilée, faussée ou rejetée par le système électoral. » La « représentation » truquée Le suffrage universel, contestable et contesté de plus en plus dans son principe, l'est davantage encore dans son application. Ce n’est pas le bon sens seulement qui est sacrifié, ce n’est pas seulement l’intérêt français qui est atteint, mais c’est l'arithmétique elle-même qui est truquée. Dans telle circonscription, 2 et 2 font 6, dans telle au tre. 1 et 2 font zéro. F.t nous ne parlons toujours que des électeurs, que des individus. Si nous par lions intérêt, nous alignerions des contradictions ou des incohérences plus saisissantes encore. Mais n’avons-nous pas déjà montré ici qu’une dizaine de départements français payaient de leur travail plus de la moitié des impôts de la France, alors que certains départements prenaient ail butl„ ! plus qu’ils ne lui donnaient ? L’absurde système électoral actuel veut précisément que les départe ments « prenants », c’est-à-dire les départements situés au sud de la Loire, aient une représentation plus nombreuse que les départements situés au nord de la Loire, ce qui a fait dire : « Les im pôts sont votés par ceux qui ne les paient pas. »...

À propos

Anticommuniste, profasciste, antisémite et positivement favorable à Hitler, Je suis partout est le journal d’extrême-droite le plus violent jamais publié en France. Si violent que son directeur Arthème Fayard, fondateur des éditions Fayard, décide dès mai 1936 de cesser sa parution. À sa mort en novembre 1936, le journal est toutefois relancé par son fils et Pierre Gaxotte, futur membre de l’Académie Française.

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