Extrait du journal

sa cuisinière. Que s’est-il passé ? On n'en sait rien, au juste. Dame Marianne, elle même, n'est pas fixée. Elle soupçonne des gens du voisinage, des fournisseurs, d'avoir fait des bavardages. Un jour de la semaine dernière, c'était mercredi, Prudence-Victoire est allée trouver Monsieur Albert, le maître d'hôtel, et elle lui a dit à brûle-plastron : « Vous direz à Madame que je m'en vais ! » En même temps, elle dénouait les cordons de son tablier, et elle le posait sur la table de l'office. Le pauvre Monsieur Albert n'y comprenait rien. Il était ahuri. « Que se passe-t-il ? » demanda-t-il timidement. « Il te passe que j'en ai assez ! » fit PrudenceVictoire. Elle était furieuse. Monsieur Albert n'insista point et la laissa partir | Après son départ, Monsieur Albert fit une petite enquête auprès du personnel de la maison. Jeannenette, la duègne, et Césa nne, la chambrière, lui ont assuré qu'il n'v avait pas, dans toute cette affaire, de quoi fouetter un chat, mais que Prudence-Victoire avait un caractère impossible. Comme ce sont de bonnes langues, surtout Césarine, Monsieur Albert se méfiait un peu. Il aurait voulu attendre que la mauvaise humeur de Prudence-Victoire fût apaisée et la rappeler. Mais le temps pressait. D'autant plus que Dame Marianne, qui reçoit beaucoup, avait un grand dîner de cinq cent cinquante couverts le lendemain, et qu'elle comptait ensuite s'absenter quelques jours à l'occasion des fêtes de Pâques. « Si vous attendez le retour de Prudence-Victoire, lui dit Césa rine, votre dîner n'aura pas lieu, ou bien il...