Extrait du journal

dans notre coeur. Nous avons « encaissé » Munich, parce que la guerre eût été une monstrueuse absurdité qui n'arrangeait rien. En cas d'intervention, nous étions obligés do la déclarer et de prendre l'offensive dans de très mauvaises conditions, sans avoir même l'espérance d'arriver assez tôt pour sauver les malheureux Tchèques de l'invasion. Vaincus, nous perdions tout. Victorieux, nous ne pouvions pas reconstruire un Etat divisé contre lui-même. La solution adoptée s'im posait. Cela ne veut pas dire que nous en soyons particulièrement fiers, ni heureux. Mais il faut se résigner à l'inévitable :: vingt ans de capitulations, de briandisme, de démagogie financière et sociale devaient aboutir à un événement de cet ordre. Au moins a-t-il contraint les indifférents et les chimériques à mesurer le profondeur de la chute : première condition pour remonter. Sincèrement, je crois que la France veut remonter. Et quand les Français se mettent quelque chose en tête, cela va vite... B 11$ ont un premier obstacle à vaincre : le régime démocratique, en qui s'incarnent tous leurs défauts. La république parlemen taire vit de la facilité, de l'oubli, du relâ chement, de l'indiscipline, de l'ignorance, de la division surtout. Souhaitons que la France guérisse au plus tôt de la démocratie et du parlementarisme. B Enfin, s'il est permis de penser à nousmêmes après avoir pensé au pays, nous fai sons des voeux pour notre journal, pour nos maîtres et pour nos lecteurs. JE SUIS PAR TOUT est une amitié. C'est pour cela, je crois, qu'il a tant d'ennemis. On nous par donnerait d'avoir vécu et d'avoir réussi; on ne nous pardonne pas de bien nous entendre. Nos lecteurs nous écrivent beaucoup et en confiance; nous leur répondons sur le même ton. Lesca et Brasillach ont trouvé parmi eux les plus ingénieux et les plus dévoués des propagandistes; nous tous, nous leur devons les plus précieux encouragements. JE SUIS PARTOUT a réalisé le miracle rare d'un journal où il n'y a ni jalousies, ni rivalités, ni cabales, ni potins; d'un journal dont tous les collaborateurs s'aiment d'une solide af fection et se réjouissent l'un l'autre du ta lent de leur voisin de colonne. Combien de fois nous arrive-t-il de dire : « Je ne suis pas content de mon article, cette semaine. Heureusement le Laubreaux est parfait. Et le Cousteau... Et le Rebatet... Et puis, sur tout. il y- a l'article de Bellessort... » Certains jours aussi, nous ne sommes pas du même avis. Notre dernière grande dis cussion a été sur le Chine. Les Japonais iraient-ils vite ou seraient-ils arrêtés long temps? Nous tenions presque tous pour une conquête rapide. Notre sage Japonicus qui connaît le pays, tes hommes et la langue soutenait que la guerre serait longue et sans cesse renaissante. C'est l'idée qu'il exposa dès le premier jour dans notre journal; nous l'avons cru. M avait raison. Nous demandons à l'année qui vient de nous conserver notre amitié, notre courage et notre bonne humeur. Nous souhaitons à notre journal de grandir encore; nous pré sentons à nos amis, à nos abonnés, à nos lecteurs nos voeux è tous, pour eux-mêmes, pour leur famille, pour notre patrie com mune que nous chérissons du même coeur, et que nous voulons voir en 1939 plus forte et plus respectée. Pierre GAXOTTE. j...