Extrait du journal

Le franc a bénéficié jusqu’à présent d’un soutien qui ne durera pas éternellement : celui des capitaux apeurés qui ne trouvent ni à Londres ni à New-York, la molle quiétude dont ils ont besoin. Un jour ou l’autre, la livre sera stabilisée. L’Angleterre est trop une nation de banquiers et d’inter médiaires pour pouvoir conserver un étalon de mesure instable et vacillant. Lorsque la Cité sera revenue à la vérité monétaire, le franc perdra une partie de ses attraits et la situation apparaîtra dans toute sa gra vité, à savoir que le pouvoir d'achat réel du franc est inférieur à sa valeur monétaire. En d’autres termes, si l’on dit sur le mar ché des changes qu’un franc égale un quatre-vingtième de livre, dans la réalité, on peut, à Londres, s’acheter plus de cho ses avec un quatre-vingtième de livre qu’à Paris avec un franc. La valeur officielle du franc est donc mensongère. Mais c’est une loi absolue qu’on ne peut maintenir une monnaie à un cours qui ne correspond plus, même approximativement à son pouvoir d’achat. Lorsque la stabilité monétaire sera rétablie à Londres, ou le franc baissera, ou l’Etat devra faire de la déflation fiscale. Nous n’échapperons pas à l'alternative. Pierre GAXOTTE....