Extrait du journal

L’insécurité croissante des campagnes, résultat fatal de la facilité des communications, du progrès de la criminalité et de l’insuffisance de la police et de la répression, est devenue, en France plus qu’ailleurs, une cause permanente d’inquiétude et de découragement qui détermine beaucoup de bons agriculteurs et de familles bourgeoises agricoles à quitter les champs pour chercher à la ville une protection plus rassurante. Dans la plupart des petites communes françaises la vie est, en effet, une perpétuelle alerte ; elles sont sillonnées par des bandes de vagabonds, bien souvent repris de justice, qui prélèvent sur les habitants par la rapine, la menace et la violence un lourd tribut, maintes fois sanglant, comme en témoignent les faits divers de la presse de province. Or notre législation sur le vagabondage était jusqu’ici de mailles si lâches que neuf fois sur dix les plus criminels eux-mêmes réussissaient à passer au travers. La magistrature, par une mansuétude dérisoire appliquée aux premiers délits et mêmes aux récidives avait, il faut bien le dire, sa grosse part de responsabilité dans le développement de l’armée du crime constituée par les chemineaux professionnels, ces modernes batteurs d’estrade....