Extrait du journal

parler est bien trop ambitieuse), mais pour essayer de. le tâter. Que va-t-il se passer, en tin de compte ? Malgré les conseils des politiques du parti, qui font de la manifestation un véritable piège tendu aux vrais démocrates, il est encore possible qu’elle ait lieu. Moins nombreuse, tou tefois, qu’on le croyait et qu’on l’annonçait. Il se peut même qu'en ces circonstances l'autorité laisse aller les choses, afin de démontrer, une bonne fois, combien les irréconciliables et les risquons-tout sont rares et peu à craindre, se réservant de réprimer tout ce qu’ils tenteraient contre la légalité. Ou assisterait ainsi à une pro menade de plus à travers Paris, qui en a vu tant d’autres, promenade accomplie sous l'œil de la police et à travers l’indifférence générale. Le soir, Paris se coucherait aussi tranquillement que d’habitude. Telles sont, du moins, les in tentions que j’entends attribuer à nos gouver nants ; bien entendu, je ne saurais les garantir. M. Lepère, qui, disaient les gazetiers, devait partir eu hâte pour quelque ville d’eaux afin d'y soigner une maladie incurable — ce qui lui au rait fourni un motif plausible de s’éloigner de la politique et de n’y pas rentrer avant longtemps — a bravement repris sa place sur les bancs ae l’Union républicaine, où il a été aussi chaude ment accueilli qu’on le recevait froidement quand il était ministre. Ses intimes assurent qu’il n’a nulle envie de disparaître, même passagère ment, et qu'on pourrait bien le retrouver, un de ces mstins, à la tête de son ancien groupe. Pourquoi non ? Les hommes d’Etat sont un peu comme Antée : ils se retrempent en touchant la terre....