Extrait du journal

Grelot, qui avait laissé quelque .part une «amie» s’ennuyait ferme au Tanié. Car que faire en un fort? Il entreprit de se faire aimer de la jeune Valentine. Et il y réussit. Mais s’il respecta sa pudeur, il lui emprunta à maintes reprises la clef de la cave de son père. Si bien qu’un jour l’honorable gardien de batterie auxiliaire s’aperçut qu’il manquait à son cellier, une vingtaine de bouteilles de vin rouge, une bouteille de genièvre, une quaran taine de litres de vin ordinaire, pris à même le fût, une bouteille de muscat et quatre kilos d’un saucisson qu’il avait cru en lieu sûr en un saloir scelle à la muraille. • Ayant découvert, y ers la même époque, dans la poelie de sa fille, quelques billets dans les quels Grelot réclamait, entre deux serments d’amour, la clef qui lui était si chère, il ne douta plus que son voleur ne fût le bouillant télégraphiste. Grelot reconnaît avoir bu les bouteilles de vin blanc, mais rien de plus. Quant à la jeune fille, elle paraît pourvue d’une balle dose de naïveté. Le président. — Où mettiez-vous la clef do la cave? R. — Sous un banc de pierre, à côté de la maison. D. — Vous saviez bien que c’était pour voler du vin? R. — Oui, m’sicur. D. — Comment avez-vous fait la connais sance do Grelot ? R. — Je l’aimais. D. — Vous étiez bien jeune .cependant, pour l’écouter. Vous auriez dû lui dire que vous alliez encore à l’école, que vous étiez trop jeune pour entendre parler d’amour. C’est là, je l’espère, une leçon qui vous profitera... Comme dans une chanson de route, nous trouvons mélangées deux choses dans cette affaire; l’amour et le tabac. C’eet une bouffon nerie. Eell ea coûté à Grelot un mois d’emprisonne ment, sur lequel d’ailleurs le conseil a déposé le baume de la loi de sursis....