Extrait du journal

Et, comme son ennemi s’était avancé trop près pour qu’il pût user de la pointe, il lui asséna sur la tête un vigoureux coup de pommeau. Sans l’écharpe rouge qu’il portait en guise de bandeau, le commandeur aurait eu le crâne fendu. Il recula, ébloui, chancelant, prêt à tom ber à la renverse, et, par conséquent, hors de garde. Mais le Gauthier était trop généreux pour user de son avantage : — Et vous, monseigneur, demanda-t-il à son tour, avez-vous votre compte ? Déjà le commandeur s’était remis ; il ne répliqua qu’en se ruant de nouveau contre son adversaire. Et le combat recommença, furieux main tenant des deux parts. , • Jacques, cependant, conservait sa dignité superbe, et se redressant de toute la hau teur de sa taille, semblait grandir encore à mesure que se passionnait le combat. Le commandeur, au contraire, était sans cesse en mouvement. Il rompait et sautait de tous côtés se ramassant sur lui-même, bondi ssant et rugissant ainsi qu’un tigre aux prises avec un lion. A travers le sang qui coulait sur son visage, on voyait flam boyer ses yeux. L’un comme l’autre ils se taisaient main tenant. Les échos sonores de; la grotte ne répétaient plus que le cliquetis des épées étincelantes, le souffle haletant des poi trines, et, par intervalles, un strident éclat de voix, lorsqu'un des deux combattants sentait avoir touché l’autre. Déjà le sang du Gauthier s’épanchait de plusieurs blessures, mais dont il n’avait pas même daigné s’apercevoir ; déjà plu sieurs fois il avait senti que sa rapière pé nétrait dans le corps du commandeur et chaque fois comme ses compagnons avant de mourir au bastion des Vases, il s’était écrié : — Pour Raoul ! encore pour Raoul 1 Tout à coup le commandeur se fendit à fond. '...