Extrait du journal

qu’on appelait le Fidèle berger, rue des Lombards. Vous ne passez pas comme nous des journées en tières à chercher le sens d’un hiéroglyphe succu lent ; souvent on mangeait le bonbon de dépit de ne pouvoir deviner les signes mystérieux qui étaient tracés sur son enveloppe. Il nous souvient encore d’un certain capucin sonnant à la porte d’un ermitege qui nous a tourmenté pendant deux grands jours ; que signifiait ce saint homme, et pourquoi éiait-il représenté dans cette situation ? était-ce un solitaire, un devin, un frère quêteur ? nous ne pouvions deviner qui il était, et vraiment il aurait fallu être le Sphinx lui-même pour le de viner. Cela voulait dire : Personne (père sonne). 0 mystère ! ô difficulté! où sont les hommes de génie qui inventeraient aujourd’hui de ces chosesla. Mais ce n’est rien, il nous souvient encore d’un certain rat, courant sur une maison, qui a cruelle ment intrigué notre jeune imagination ; et cepen dant ce rat vulgaire voulait dire une bien douce parole, le mot le plus doux qu’on puisse entendre, celui oui sait calmer toutes les inquiétudes, qui apaise la jalousie, oui fait taire des soupçons, qui rend la joie (et rendre la bonheur c’est plus encore que de le donner) ; le mot le plus charmant qui affirme les plus heureuses choses, qui signifie : elle viendra, il n’est point parti, elle n’est pas morte, il n’est point blessé, elle n’est point infi dèle; qui nous dit : aie confiance, espère, aime sans crainte, ce mot divin : Rassure-toi ! (Rat sur toit). Ici, il faut tirer l’échelle. On n’a pas dû faire mieux depuis 1830. • • Tout se renouvelle, même la lettre du jour de l’An, témoin cette lettre qu’un enfant de neuf ans, élève d’une école primaire de la Sein a, vient d’a dresser à l’auteur de ses jours. L’heu reux père qui communique au Petit Sou cette pièce intéressante a eu la discrétion de ne pas se nommer ; ce père est un modeste, car tous les pa rents d’esprit vraiment moderne lui porteront envie : 31 décembre 1901. Cher papa, Je voudrais bien être à l’âge de mon cher oncle pour être syndiqué. Je lirais le Petit Sou tous les jours ; je demanderais qu’on supprime l'Intransi geant, le Petit Journal, etc., ainsi que tous ces marchands de bons dieux en bois encadrés dans les églises ; qu’on supprime toutes les armes, les fusils, même les armées. Mais je ne suis pas à son âge, mais bientôt. Nous devons être tous frères, tous socialistes ; plus dd guerres. C’est malheureux q*ie ce ne soit pas de suite. Au lieu de construire des églises, on ferait bien mieux de donner une pauvre maisonnette aux mal heureux. Vive la sociale ! A bas la calotte 1 Un Ecolier. C'est un amour que cet écolier 1 A t-il assez réfléchi, fait le tour de la société, sondé les croyances et lu les journaux 1 A quelle heure le couche-t on ce ga min qui n’a pas neuf ans,demandent les Débats qui ajoutent bien joliment : «11 y a des ombres, mais légères à l'auréole du petit prodige. Et d’ailleurs, si ce sont des ombres, elles planent égale ment sur tout le parti avancé, duquel il se réclame. Sa lettre du jour de l'An est même tellement conforme aux écrits des Pètes de la Révolution qu’on ne sait plus si c’est l’enfant qui rai sonne comme le socialisme ou bien le socialisme qui résonne en enfant ». • • • Pour ses étrennes — cela remontejà quelques années et l’on peut citer le nom — M. Choquet, grand collection neur de tableaux, s’était acheté, moyennant une quinzaine de mille francs, et c’était pour rien, une œuvre admirable de Delacroix ; la Fiancée d'Abydos :...