Extrait du journal
Saint-Quentin, i novembre. Nous disions avant-hier qu’il était bien difficile, sinon impossible, de prévoir toutes les surprises de la session qui s'ouvre au jourd’hui. Mais on peut du moins jeter un coup d’œil d’ensemble sur le caractère que doit avoir cette session, sur les devoirs qu’elle impose aux élus du pays. En outre, il nous semble utile, à la veille de cette période qu’absorberont des préoccupations journalières, de nous arrêter un moment et d’envisager froidement la dernière partie du programme qu'ont â remplir nos légis lateurs constituants. L’expression est quelque peu impropre et veut être expliquée. Constituants, les élus de février 1871 l’ont été ou du moins se sont déclarés tels : ils ne le sont plus, car ils ont épuisé cette partie de leur man dat. La Constitution est faite, et une seule volonté peut y toucher ou plutôt demander qu’on y touche avant la date contractuelle de 1880. Nous ne sommes donc plus en présence que d’une simple législature,ayant les mêmes droits que les Chambres qui fonctionneront par l’application du pacte constitutionnel. Si nous mettons ce point de vue en lu mière, ce n’est pas dans l’esprit de diminuer le rôle et la mission de l’Assemblée actuelle, mais uniquement pour les mieux préciser et pour arriver, a cette conséquence qui n’a, au fond, rien d’irrespectueux. Dans son œuvre antérieure, dans celle qu’elle a accomplie jusqu'à ce jour, cette Assemblée, procédant souverainement, a pu lier celles qui lui succéderont; désormais, prétendre légiférer pour elles, les enfermer dans un préjugé d'où elles ne pourraient sortir, serait un véritable abus de pouvoir. Pourtant, cette prétention existe chez quelques fractions parlementaires, et elle se révèle assez clairement dans la façon dont elles veulent trancher la question électorale. Ceux qui exigent une loi per mettant de ne laisser entrer dans le futur parlement que des révisionnistes, s’effor cent de substituer leur volonté à celle de leurs successeurs; ceux qui, dès aujour d’hui, veulent imposer à la nation un Sénat et une Chambre basse anti-révisionnistes, travaillent â un but opposé dans la forme, mais au fond absolument identique. Ni les uns ni les autres ne sont chargés de résou dre cette question de la révision : ils ont laissé, en constituant la République, une porte entre bâillée sur l’avenir ; il ne leur appartient pas plus de l’ouvrir que. de la fermer. Pendant cinq ans, la clef doit res ter entre les mains du maréchal de MacMahon ; après quoi, les nouveaux manda taires du suffrage universel décideront s’il faut ou non en faire usage. Cette éventualité delà révision ne devrait donc aucunement peser sur la solution de la question électorale ; et pourtant, c’est elle qui paraît devoir dominer le vote d'un grand nombre de députés républicains. Le mode de scrutin qu’ils recommandent et auquel ils s’attachent si passionnément, a pour principal mérite, à leurs yeux, de faciliter, de forcer même, jusuu’a un cer tain point, l'élection d’assemblées opposées à toute application de la clause révision naire. On comprend cette habileté comme tac tique d’un parti ; on ne la comprend plus comme testament d’un pouvoir qui va expirer et qui, doit, par-dessus tout, léguer à ses successeurs, les moyens d’exercer li brement le mandat dont ils seront investis. Dans ce parlement qui touche à son terme, l’esprit de parti ne devrait plus avoir aucun...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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