Extrait du journal
Le soir, ce fut le sujet d'une conversation fort animée au Café des Cé libataires. — Messieurs, dit l’un , avez-vous remarqué ce jeune homme qui se pro menait aujourd’hui dans la ville. — Parbleu , dit un second, il est assez remarquable par son costume. Ce dernier mot était prononcé avec une sorte de dédain. — C’est probablement un étranger , dit un troisième. — Peut-être un Turc, objecta M. Croquet. — Mais que peut-il être venu faire ici ? reprit le premier Interlocuteur. — Dans le fait, c’est assez singulier. — Avez-vous vu comme il examinait tout avec attention? — Je ne serais pas étonné que ce fût un envoyé du gouvernement. — Si c’était un espion ! La conversation durait depuis long-temps sur ce ton, et déjà elle com mençait à s’échauffer , lorsque tout à coup la porte du café s’ouvrit, et le jeune homme lui-mêine entra. Ce fut un coup de foudre. A l’instant tous les jeux cessèrent, et tous les yeux furent braqués sur le nouvel arrivant. Mais celui-ci, sans prendre garde à l’émotion générale, traversa d’un air décidé la salle, et alla s’attabler dans un coin , avec toutes les façons d’un homme habitué à fréquenter ces sortes d’établissemens. Peu à peu l’agitation produite par cette entrée se calma , et chacun re prit sa partie Interrompue. L’inconnu se leva et tourna quelque temps autour des tables. — Messieurs, dil-ll enfin, je vois aveç. regret le nombre considérable de célibataires que renferme cette ville. Le célibat est un état contre nature , également condamné parles lois sociales et politiques. ' Ces mots, prononcés d’une voix retentissante, excitèrent de nouveau la surprise. — Mais je suis venu, reprit l’étranger, pour vous encourager, et vous ai der à remplir vos devoir d’hommes et de citoyens. L’allocution devenait bizarre ; un des Carentanals prit la parole. — Monsieur, dit-ll, à quel titre nous tenez-vous ce langage ? » — Quoi ! s’écria l’inconnu , est-il possible que vous n’ayez pas entendu parler de la maison Baron et compagnie, cette maison célèbre, la seule qui soit commissionnée par les gouvernemens pour faire les mariages dans les cinq parties du monde? A ce nom de Baron et compagnie, on s’imagine combien les Carentanals ouvrirent les oreilles. — Comment, Monsieur, dit l’un d’eux, il serait donc Vrai?... — Rien n’est plus vrai, et j’espére bien ne pas quitter Carentan avant d’en avoir donné des preuves à quelques-uns d’entre vous. Parbleu, tenez , reprit le jeune homme en tirant un portefeuille de sa poche, j’ai précisément sur mol quelques échantillons. Les Carentanals ne savaient trop quel genre d’échantillons ils allaient voir sortir du portefeuille ; cette fois ils ouvrirent les yeux....
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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