Extrait du journal

(suite.) — Il n’y a pas d'honneurI Tenez, hier matin, comme vous descendiez l'escalier , vous avez failli tomber , et vous avez lâche un paisambliu qui 111'a donné beaucoup à penser. — C'est une habitude que j’ai prise a Blois, où, étant tout jeune , je m'amusais à suivre les chasses du vicomte de Morsan. — Le vicomte de Morsan ! est un assez joli garçon. — Mais, oui ! dit Paul en souriant. — Joueur. libertin et batailleur. — Ouais 1 s’écria Paul, voilà un joli portrait. De qui le tenezvous? — Mais de Victor, qui l’a connu à Blois. — Ah! du petit cousin Victor. Je lui en ferai mon compliment. La porte de la boutique, qui s’ouvrit brusquement ne permit pas à Geneviève de remarquer l'émotion qui parut sur le visage de Paul au moment où il prononçait ces paroles. Au bruit que fit la porte vivement chassée, les deux jeunes gens s’étaient retour nés en sens inverse, Paul vers le fond de la boutique , Geneviève vers la rue. — Le nouveau venu était un homme de trente cinq ans à peu prés, de belle taille et de bonne mine. Un ample manteau de voyage poudreux l’enveloppait tout entier. Mais le bout d’une épée sonnant sur de longues bottes et les saillies de ses épaules indiquaient assez qu’il portait un costume militaire. — Quoi ! c est vous... monsieur 1 s’écria Geneviève en cou rant vers lui. L'étranger porta rapidement un doigt à ses lèvres et lança du côté de Paul, qui leur tournait le dos . un regard dont la mer cière comprit la signification. — Pardon, monsieur, reprit-elle, je me trompais ; qu’y a-t-il pour votre service? — Peu de chose, mademoiselle ; la faveur d'attendre un petit quart d’heure dans votre boutique : une roue de ma chaise de poste vient de se détacher ici près, rue Neuve Saint-Augustin ; c’est un accident qui sera promptement réparé, et j’ai donné ordre qu'on vint me retrouver à l’enseigne du Cocon d'or. Me pardonnerezvous cette indiscrétion, mademoiselle?...