Extrait du journal
Au moment où la France se prépare à célébrer par des fêtes publiques une de scs plus grandes joies, la naissance et le bap tême du Prince Impérial, d'affreux malheurs viennent la frapper pour l’éprouver encore dans son bonheur et sa prospérité : Des villes riches , des villages heureux , des champs couverts de récoltes ont étc dévastés par des inondations , et le deuil et la misère régnent aujourd'hui au milieu des populations de dix départemens ! Bieu cruelle est cette épreuve , mais il faut respecter tous les actes de la Providence, et chercher seulement si, à côté de tant de douleurs , il n’est pas de consolation. — Cette consolation nous est offerte par le spectacle qu'a donné aussitôt le pays tout entier : De toutes parts des souscriptions s’organisent, de toutes parts des appels sont faits à la générosité et à la bienfaisance , et la foule , suivant l’exemple parti du Trône , court aux malheureux qui souffrent, tend les bras aux travailleurs ruinés , secourt les veuves privées de leur soutien , recueille les en fans laissés sans famille ! Nous ne voudrions pas trop admirer cet esprit de solidarité qui règne en France , car il est naturel à une grande nation, grande par le courage et grande par l’intelligence, — mais nous ne pou vons nous empêcher de faire ressortir les heureux résultats qu’il produit quand le malheur vient l’exciter. — Rien n’est vraiment beau, comme cette unanimité de sentimens qui, des points les plus extrêmes , rapproche les cœurs , fait tomber des larmes de tous les yeux et resserre les liens de la grande famille humaine ! Bien n’est plus touchant que cette spontanéité qui fait ouvrir tou tes les bourses, celle du pauvre et celle du riche , pour y puiser l’argent qui ira relever les demeures ruinées, qui portera le bienêtre au sein des familles dépouillées — demeures inconnues, fa milles étrangères pour le plus grand nombre , mais qui ont droit à être secourues , car elles furent élevées et nourries sur le sol Français 1 Assurément, hélas ! cet argent ne saurait fermer toutes les plaies , mais on oublie presque la profondeur du mal , pour ne voir plus que l’empressement de chacun à le guérir. Il n’est pas, du reste, de douleurs qui résistent complètement au soulagement que leur donne une sympathie sincère : — le cœur entend la voix du cœur, les pleurs se sèchent aux sourires mêlés de pleurs. — Aussi, tout accablés qu’ils soient par la perte de leurs amis, de leurs parens , par la ruine de leur fortune, les inondés de la Loire et du Rhône songent-ils déjà à remercier ceux qui, les premiers, sont accourus vers eux. De ces remerciemens , la plus grande part est donnée et res tera à l’Empereur. — En effet, l’Empereur s’est montré encore une fois dans ces circonstances douloureuses le monarque tel que la France l’a désiré , tel qu’elle l’a élu. En se rendant à Lyon, sur la nouvelle du sinistre qui venait d’atteindre cette ville , et en continuant ses visites dans tout le pays dévasté par le Rhône, Napoléon III a fait voir que l’affection qu’il éprouve pour ses su jets est réelle, constante, et qu’il sait la délivrer, dans sa mani festation , de toutes les entraves que peuvent lui apporter les exi gences du rang et de la position. Le souverain s’est trahi dans ses libéralités , mais avant lui, avait paru l’homme généreux et no ble , heureux d’user de tout son pouvoir de Chef de l’Etat pour soulager des misères dont le spectacle attristait son cœur. Les journaux de Lyon , les correspondances d’Avignon , de Valence, de Tarascon et d’Arles, ne savent comment dépeindre l’effet moral produit par l’arrivée inattendue de S. M., par sa con duite à travers tous les incidens de ces longues journées passées sur les lieux du sinistre. Accompagné seulement de quelques fonctionnaires, qui recevaient ses ordres, l’Empereur a tout voulu voir, a voulu se montrer à tous , excitant par sa présence le courage des travailleurs, consolant lui-même les victimes , exerçant enûn autour de lui ce prestige dont il a le secret, et qui restera parmi ces populations, tières, au milieu de leur infor tune , d’une si noble sympathie. En racontant les visites de l’Empereur dans les quartiers inon des , un journal de Lyon s’écrie : e Quel beau tableau pour un peintre habile ! » Ce tableau est déjà fait ; les peintres en sont les personnages mêmes, car ces trois journées de la vie du monar que resteront gravés dans la mémoire de tous , et la France de l’avenir les citera avec autant d’orgueil que nous en éprouvons à la pensée de lui en laisser le souvenir. Les premières années de l'Empire auront été signalées par de bien grands événemens : la crise alimentaire, la guerre, et au jourd’hui lesinoudations. C’est trop, en vérité, et on aurait le droit de s'étonner que le pays puisse supporter tant de fatales se cousses ; mais il a la confiance, mais il a le courage — et, il faut le dire, ce courage, cette confiance, il les puise dans une source vive et féconde : l’amour et le respect pour le Prince qui tient son drapeau 1 Qu’il continue à y puiser ; qu’il se rapproche de plus en plus de ce Trône qui est son œuvre; et si le bras de la Providence ne se fatigue pas et veut encore l’éprouver, plus uni, il sera plus fort pour résister au malheur — comme il sera plws heureux , quand , le temps d’épreuves passe, il recueillera les fruits de sa constance et de sa sagesse. BHIEST DHÉOLLE-...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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