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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 8 mai 1867

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
8 mai 1867


Extrait du journal

A Paris, les moindres événements prennent par fois des proportions gigantesques. Gomme on sait que demain on n’en parlera plus, on s’empresse de les grossir aujourd'hui. Pendant une semaine, Sav.iri devint un personnage politique, un martyr. On le plaignit pour ses quarantc-lmit heures de prévention, comme s’il s'était agi de vingt années passées au bagne ; peu s'en fallut qu’on le compa rât à Lesurques. Le journal le JSatinnal profita môme de la cir constance pour lancer un article fantaisiste qui pro duisit une vive sensation. Parmi toutes les pièces de celte affaire, nous avons cet article sous les yeux et nous le reprodui sons textuellement : « Ainsi, un citoyen est tranquillement chez lui, les pieds sur ses chenets, il songe aux affaires delà journée, à celles du lendemain ; tout à coupon frappe brutalement à sa porte, en envahit son do micile, on force son bureau, on lit ses papiers les plus secrets, on pénètre avec effraction dans sa vie la plus intime. Vu monsieur, en écharpe, assisté de personnages sinistres, préside à celte exécution. Et si le citoyen, dont la demeure est ainsi violée, de mande les motifs de tant de rigueurs, on lui ré pond que cela ne le regarde pas, qu’on n'a pas de compte à lui rendre, qu’il s’expliquera plus tard devant qui de droit. » S’il se récrie, si le sang lui monte à la tête, et si, fort de son innocence, il ose résister au mon sieur en écharpe, aussitôt les hommes sinistres s’emparent de lui, le jettent dans un fiacre et lui mettent au besoin les menottes : « A la Concierge rie ou à la Force ! » disent-ils au cocher; et bientôt ils déposent dans une salle hideuse le prisonnier fou de rage et de douleur. > Là, on le fouille, on vide ses poches, on inscrit ses noms et prénoms, tt toujours sans daigner lui donner la moindre explication, on le dirige vers un cabanon qui se referme sur lui. » Il est au secret ! Au secret, mot terrible, chose plus terrible encore, cercueil de plomb qui se re lu me sur les vivants I Instrument de torture desti né â affaiblir l’intelligence, à broyer l’âme, comme les tenailles elles brodequins servaient à broyer le corps !...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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