Extrait du journal
théon. Personne n’a craché sur le tombeau de Victor-Emmanuel. Le départ du pèlerinage a été, vous le sa vez, retardé jusqu’au dimanche à deux heu res du matin, afin d’enlever tout prétexte à de nouvelles manifestations. Malgré ces pré cautions, la population des villes que nous devions traverser était prévenue de notre passage et à chaque gare le train était ac cueilli par des huées, des sifflets, des cris « Vive l’Italie ! A bas la France ! » Même en plein champ, nous avons vu des paysans qui brandissaient leur bâton, avec des gestes de menace à notre adresse. Nous sommes arrivés à Pise à 9 heures du matin. Le convoi devait s’arrêter 15 minutes pour fiermettre la distribution des vivres aux pèerins, mais la gare et les abords étaient en vahis par une mule d’au moins cinq mille personnes, parmi lesquelles je n’ai distingué que quatre ou cinq carabiniers et quelques agents en bourgeois. A peine le train était-il arrêté qu’une grêle de pierres tombe autour de nous. Les voyageurs n’ont que le temps de se baisser au fond des wagons pour éviter les projec tiles, mais un d’eux atteint à la tête un jeune homme et lui fait une grave blessure. Quelques forcenés se précipitent sur les marchepieds et crachent aux visage des Français en proférant des menaces de mort. Quelques-uns de nos jeunes gens tirent leur revolver pour repousser cette sauvage agression, mais ils sont retenus par les chefs de groupes qui recommandent le calme et supplient nos jeunes gens de ne pas ré pondre à ces provocations. Cette scène durait depuis deux minutes et menaçait de tourner au tragique, quand le chef de gare donna l’ordre du départ. On avait eu tout juste le temps de changer de machine et d’embarquer 600 paniers de pro visions dans un fourgon. L’opération a, d’ailleurs, été faite avec la plus grande rapidité, et il est bien certain que, sans la présence d’esprit et le sangfroid du chef de gare, nous aurions eu les plus graves malheurs à déplorer. Je ne crois pas, de ma vie, avoir éprouvé d’angoisses pareilles à celles que j’ai ressenties pendant ces deux mortelles minutes. La foule voyant le train s’ébranler et sa proie lui échapper, pousse des cris féroces et nous lance une nouvelle pluie de pierres. Mais le convoi est déjà loin. — En dehors de ce grave incident, en avez-vous d’autres à nous signaler ? deman dons-nous à notre interlocuteur. A Gênes, pour éviter le renouvellement de pareilles scènes, on a changé de machine avant d’arriver en gare et nous avons brûlé la station. A Turin, la gare était cette fois gardée par un fort détachemeut de troupes. Bien qu’il fut deux heures du matin, la foule était nombreuse, mais grâce aux précautions prises, le voyage a pu se terminer sans autre incident....
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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