Extrait du journal

Dans une pauvre chambre de la rue Oberkampf vivait un jeune ménage qui, avoir été très heureux jusque-là, était tombé dans la misère par suite d’une grave maladie du mari. Depuis six mois, il se mourait. Un nouvel enfant allait augmenter la famille. Le mari agonisant et la femme, près d’accou cher, n'avaient qu’un lit. Dans la nuit d'avant-hier, le mari sentit la mort le gagner et la femme fut prise de douleurs. A sept heures, M. Berger, c’est ainsi qu’il se nommait, se tourna contre la muraille pour que sa femme ne le vit pas mourir. Quelques instants plus tard, Mme Berger mettait au monde son second enfant, toute seule, ayant pour se réchauffer le cadavre déjà froid de son mari. Quand elle eut assez de force pour ap peler, une voisine accourut et porta les premiers soins à cette malheureuse. Puis elle alla prévenir l’assislance pu blique, que dirige M. Quentin. Savez-vous ce qu'envoya cette richissime administration pour secourir cette horrible misère? Trois francs,et elle donne soixante mille francs de< traitement à son directeur, et elle a un personnel très-nombreux, et qu’elle paie très cher I Elle donne trois francs pour secourir une femme en couches, nourrir deux enfants, enterrer un maii ! Ce fait se passe de com mentaires....