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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 11 juin 1848

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
11 juin 1848


Extrait du journal

VIVE LA RÉPUBLIQUE ! Durant un mois environ, après le 2 A février , ce cri venait dans toutes les bouches et à tout propos ; il était la conclusion de tous les documcns officiels , de tous les écrits politiques et lnêmc de beaucoup de lettres particulières relatives aux intérêts privés. Depuis deux mois, au contraire, on ne lit plus , on n’en tend plus ces mots que fort rarement et encore ils se sont accolés à un adjectif. On dit maintenant : « Vive la république démo cratique ! » Il me souvient , à ce sujet, d’avoir lu quelque part dans Voltaire : « L’adjectif est l’ennemi du substantif. » Le subs tantif ici, c’est le mot République ; l’adjectif, le mot démocra tique. Les démocrates seraient-ils ennemis de la République ? — Ma foi, examinons un peu par qui elle a été attaquée depuis qu’elle existe , et nous verrons , en effet, que c’est par des hom mes qui criaient ; « Vive la République démocratique ! » Conti nuons notre examen : Qu'est-ce que c’était que ces hommes ? Des Républicains de la veille, ni plus ni moins. Vaincus sans coup férir, seulement par la comparaison de leur faible nombre avec celui des républicains du lendemain , ils sont maintenant victi mes de l’ordre de choses qu’ils se sont tant efforcés d’amener. Ce schisme pourtant n’est pas encore entièrement déraciné , je crois même qu’il gagne à la persécution. Ce phénomène ne serait pas nouveau , et si jamais il a dû se produire , c’est bien sous la République. Voir un gouvernement qui s’est établi au nom de la liberté pour tous , de la fraternité universelle et de Légalité absolue , ne se maintenir que par l’oppression de tous ses con tradicteurs , de ceux surtout qui peuvent revendiquer le mérite de l’avoir fondé : c’est un fait qui désenchante beaucoup et a peut-être déjà forcé plusieurs personnes à se repentir d’avoir crié : « Vive la République ! » Du reste , avant le 2h février, ces mots avaient un sens plus précis qu’au)ourd’hui : car alors , on ne s’inquiétait guère que d’une chose ; détruire les abus qui existaient et que l’on attri buait à la monarchie, parce que la monarchie était la forme du gouvernement sous lequel ces abus se passaient; donc : Vive la République signifiait, plus de rois ! Les rois sont partis et l’on a de plus décrété qu’ils étaient bannis à perpétuité. Les premiers jours de la victoire, on a poursuivi dans ses détails la destruction de l’ancien régime, on a aboli les titres de noblesse, on a incendié une résidence royale , on a changé les noms des rues et des édifices publics, des Tuileries on a fait un hospice, on a remanié le personnel de tous les emplois ; on s’est enfin donné beaucoup de mal, mais on se retrempait au cri de vive la Répu blique. On peut trouver des défauts au Louvre et avoir les moyens de le renverser, sans pour cela être en mesure de le remplacer par un édifice parfait. Cependant, la destruction ter minée , si vous ne construisez pas, vous ferez regretter le Louvre qui vaut mieux que rien. Tous ceux qui ont crié vive la République ont l’air bien embar. rassés a l’heure qu’il est. Leur tâche est dillicile t c’est très-vrai ; mais s’ils se divisent et s’ils se font la guerre , comment pour ront-ils sortir de la difficulté ? Chaque jour elle augmente , il suffit pour cela d’aborder une question d’organisation. Aussitôt on crie de toutes parts : « Réaction ! Réaction ! » A quoi l’on répond : « Anarchie ! » Et les hommes politiques se divisent en deux camps, chacun ennemi l’un de l’autre, les anarchistes et les réactionnaires. Je ne prends pas la responsabilité de ces diverses appellations, seulement je crois pouvoir dire de mon chef, que des organisateurs, il n’y en a nulle part. On risque toute sa réputation , passée et à venir, dès que l’on prend part aujour d’hui à un travail organisateur, parce qu’on fait trop de mécontens, on est trop obligé de tenir compte du passé pour le fondre avec le présent. C’est à cette cause qu’il faut probablement attri...

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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