Extrait du journal
Il est probable que la mort a accompli sou œuvre. Et cependant on a retrouvé des vivants après plus d’une semaine d’emprisonnement. . Ainsi ia- « Stampa » annonce que le 10 janvier c’est-à-dire quatorze jours après la catastrophe on a retiré des décombres un homme encore vivant. On ne sait pas comment il a pu rénster dans une pareille situation. L*4 malheureux a assisté à la lente agonie de sa. femme et de ses quatre enfants, qui sont morts l’un après l’autre, à côté de lui. Une famille entière a été retirée des décom bres à Messine. Deux enfants avaient succombé auprès de lemfc. parents . Le troisième, un bébé de sept mois, avait .été continuellement allaité par la mère. Lorsqu’on put arriver jusqu’à eux, le père demanda qu’au lui fit passer qu pic. et voulut lui-même travailler au déblayement. L’ou verture, ù afin élargie, il sortit de lui-même puis tomba évanoui dans les bras des sauveteurs. Un de nos confrères raconte ceci: e On travaillait avec une agitation fébrile à démolir une maison, sous laquelle est enfouie une vivante La maison voisine uc s’étant pas écroulée, on a pratiqué un trou (laus le mur mi(toyen, on l'a soutenu par deux étais, et tan dis qu'une équipe s’acharne üu déblayement, un infirmier a fait passer à l'ensevelie de l’eau et du café.« Passez votre tête dans le trou, m’a-t-on dit. Voyez-la et parlez-lui, car elle s’inquiète et craint qu’on ne l’abandonne.» A la lueur d’une bougie, j’ai vu, tout proche, une vieille femme toute habillée, couchée sur le flano droit, tenant encore de la main gauche le bâton dont elle a patiemment frappé le mur, jusqu’à ce qu'on l’entend "t. Elle a attendu huit jours .L’espace demeuré vide laisse le corps libre jusqu’aux jambes: çelîcs-ci sont enfouies sous les décombres, et probablement écrasées. Mais elle ne se plaint pas de ses jambes. Sans cesse, elle réclame à boire. Elle a demandé des nouvelles des siens ; on l’a rassurée ; et, elle n’a qu’une peur , c’est qu’on cesse de s’occuper d’elle.'> Ces jours-ci eucoro une belle jeune fille a été retiré vivante, à peine blessée. Elle est à l’hôpital. A côté d’elle, debout, un soldat, son fiancé. Voici leur histoire. A la première nouvelle du désastre, le soldat a demandé une permission, il est accouru à Messine, où sa. fiancée était domestique. 11 a trouvé la maison en ruine, a appelé, cherché, soulevé des décombres, le tout en vain. La nuit de dimanche à lundi, il voit en rêve la jeune fille qui l’appelle et lui dit : -< .le suis vivante !» U court , réveille un officier, le supplie de l’accompagner avec quelques soldats, dirige lui-même les travaux. Pas moyen de ré sister à sa conyiction et à son ardeur. Une voix sc fait eu tendre; on arrive à la jeune fille, ou on l’emporte sauve. Quand on pénètre dans l’intérieur de la ville, c’est toujours la. même vision désolante. Aux étages des maisons c ventrées, des cadavres visi bles ,qu’on ne s'est pas risqués à enlever. Au sommet d'uue petite maison, les traces d'une scène d’horreur. Entre le plancher et le plafond effondrés, une petite fille est restée suspendue par les jarrets. La chemisé retroussée met à nu le petit corps violacé ; les cheveux bouclés recouvrent entièrement le visage. J .es deux bras sont tendus en avant. Et ,dans l’intervalle de deux planches, sort une grande main crispée, qui parait s’élancer pour la retenir....
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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