Extrait du journal

PREMIERE PARTIE. XX. LE SECRET. (Suite.) Raphaël savait que sa supériorité à l’épée était incontestable ; mais il réfléchissait, en même temps, que le combat aurait lieu a l’épée et au poignard, et que. par conséquent, la lutte serait moins galante et plus féroce, et permettrait ainsi à son adversaire de dé velopper sa vigueur herculéenne Cétait avec une ivresse secrète que le jeune armurier songeait à ce combat, qu’il regardait presque comme le jugement de Dieu, l’arrêt suprême du destin. Qui sait si le hasard ne l’allait point dé livrer de ce fardeau de la vie qu’il trouvait si lourd, s’il n’allait point lui être donné de mourir en songeant à elle, et lui murmu rant tout bas, à travers l’espace, ce mot, qui’ne serait plus un blasphème: — Je vous aime , Catherine !... Lorsqu’il eut écrit ses trois lettres, Giuseppe qui, à de certains moments, savait reprendre sur lui cet ascendant de frère aîné, de vieil ami qu’il avait autrefois, en la salle d’armes de maître GustaCerne , Giuseppe lui dit: — Voici qu’il est huit heures, Seigneur , et vous vous battrez à deux heures du matin. — Eh bien? — Il n’y a que les lâches qui ne dorment point la veille d’un duel. C’est-à-dire que je dois dormir ? — Parbleu I — Soit. — Six heures de sommeil, c’est juste la mesure raisonnable pour reposer le corps et assouplir les muscles. Quand vous vous...