Extrait du journal
— Lundi dernier, un grand nombre d’ouvriers étaient rentrés dans les ateliers ; les maçons , les carrossiers, les menuisiers avaient, au moins une très-grande partie , repris leurs travaux. Les tailleurs de pierre, les serruriers et les mécaniciens chômaient encore. Les corroyeurs qui, dimanche, avaient été dispersés dans la plaine d’Ivry , ont commencé de nouveau à se réunir dans la matinée et ont voulu exciter à la révolte tous les autres ouvriers du faubourg Saint-Marceau. En même temps, les ébénistes, ainsi qu’un certain nombre d’autres ouvriers du faubourg Saint-Antoine, s’agitaient et mena çaient tumultueusement les agens de l’autorité. Invités plusieurs fois à se séparer et à se retirer paisiblement , ces ouvriers parurent vouloir opposer de la résistance. Un omnibus fut renversé et l'on essaya de former une barricade dans la rue du faubourg Saint-Antoine. Quelques-uns de ces ouvriers paraissaient très-animés , et au milieu d’eux des individus à ligures sinistres et à barbes républicaines, se distinguant par des ceintures rouges, les excitaient à l’insurrection. A mesuie que les patrouilles se présentaient, elles étaient re çues à coups de pierres. Un poste de troupe de ligne fut entouré, et les agitateurs tentèrent de le désarmer. L’arrivée d’un détache ment de la garde municipale et la bonne contenance des soldats du poste les empêchèrent d'exécuter leur projet. Des masses d’ouvriers, excités par des fauteurs d'anarchie, se formaient ; en même temps une réunion tumultueuse se tenait à la barrière du Maine. Il devenait urgent de prendre des mesures imposantes pour empêcher l’effusion du sang et prévenir une ten tative de collision sérieuse. Les dispositions arrêtées par M. le maréchal Gérard , comman dant supérieur de la garde nationale de Paris, furent immédiate ment exécutées. Par ces dispositions qui forment un plan com plet de défense militaire de la capitale , en cas de troubles, Paris est couvert en un instant de troupes et de garde nationale. Chaque débouché principal, chaque tète de pont, chaque rue impor tante , chaque grand édifice public se trouve occupé par des détachemens qui les garantissent contre un coup de main et qui em pêchent les émentiers de se rallier , en leur opposant partout de la résistance. A l’aide de cette combinaison stratégique, les troupes sont placées sur tous les points et même dans des maisons et sur des monumens publics, tels que les portes Saint-Denis et SaintMartin ; toute insurrection sérieuse devient alors impossible ou doit être réprimée immédiatement. Ainsi lundi, en un clin d'œil, Paris s’est couvert de troupes , infanterie, cavalerie, artillerie et garde nationale. Les rues étaient parcourues par de nombreuses patrouilles, et toutes les grandes voies étaient gardées. Aussitôt les attrouperaens cessèrent ou du moins perdirent de leur caractère menaçant ; l’ordre reparut et la tranquillité fut ré tablie sans qu’on eût à recourir à une répression active. Ainsi le résultat désiré par tous les bons citoyens a été obtenu sans accident et sans effusion de sang ; la collision oue l'on re doutait a été prévue et la tranquillité a été rétablie d’une manière prompte et sûre. La garde nationale convoquée par le rappel s’était partout pré sentée avec empressement. Dans la soirée quelques rassemblemens , composés en grande partie de curieux et offrant un aspect inoffensif, se sont formés sur les boulevarts Saint-Denis et Saint-Martin, mais on n’a eu à signaler aucun désordre. Tout fait espérer, maintenant, que les ouvriers vont pour la...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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