Extrait du journal

BULLETIN POLITIQUE. S'il fallait en croire les assertions d’un journal de Berlin, la France et la Russie seraient d’ac cord pour la réunion d’un congrès charge de ré soudre la question polonaise. D un autre côté, d'a près un bruit très-accrédité et que rendent vrai semblable l’étendue qu’a prise l'insurrection et les forces dont elle dispose, et alin d’arrêter une hor rible effusion de sang, des pourparlers seraient actuellement échangés entre les cours de Paris, Yieune et Londres, dans le but d’amener une suspension d'hostilités en Pologne. Ce serait même là le point de départ de la conférence dont il est parlé depuis quelques jours. Cette suspension d’armes devient d’autant plus une nécessité, que c’est aujourd hui même qu’ex pire le délai fixé par le décret d'amnistie aux Po lonais pour mettre bas les armes, et qui, depuis qu’il a été publié, n’ont fait que se montrer plus ardents pour la lutte. Or, que va faire maintenant le gouvernement russe ? c Voilà , nous écrit un de nos correspondants de Paris, l’interrogation que tout le monde se pose à I heure qu’il est. On parle de cruelles mesures qui auraient été arrê tées à Saint-Pétersbourg ; on laisse pressentir l’application imminente, dans toute l'étendue du royaume de Pologne, d'un régime impitoyable. On va même jusqu’à assurer que les puissances occidentales auraient été avisées déjà du système de répression qui sera employé dans le cas, — hors de doute — où les insurgés ne déposeraient pas les armes, et l’on ajoute que les puissances n’at tendraient que la mise en vigueur de ces sévéri tés draconiennes pour protester énergiquement à Saint-Pétersbourg. Avant la fin de la semaine, nous saurons probablement à quoi nous eu tenir sur ce point. » Les nouvelles arrivées de Pologne pendant ces deux derniers jours sont, comme toujours, de nature différentes, selon qu’elles sont expédiées par le télégraphe de Varsovie ou par celui de Cracovie. Ainsi, une dépêche de Varsovie an nonce que la bande de Jesioranski a été défaite et obligée de se réfugier en Gallicie, en même temps qu’une dépêche de Cracovie, d’autre part, affirme que l’insurrection prend des proportions considé rables dans le gouvernement de Volhynie. « C’est ainsi, dit avec raison le Journal des Débats, que les nouvelles continuent de se croiser, de se mêler et quelquefois de se contredire. » Une seule chose reste certaine néanmoins, c est que, malgré des échecs partiels que l’insuffisance du nombre et le manque de matériel de guerre rendent inévitables et que l’on est tout surpris de ne pas voir plus fréquents, l’insurrection, loin de perdre un seul pouce de terrain, gagne chaque jour en nombre...