Extrait du journal
Un de nos amis nous communique une note qui a élô remise le 28 mars 1892 à M. le souspréfet de Saint-Quentin par un certain nombre de brodeurs de la région. Comme c’est un do cument officiel et secret que nous nous sommes procuré au ministère de l’intérieur, nous ne pouvons nous en servir qu'avec une extrême discrétion. Sans le citer en entier nous en ex trayons les passages caractéristiques. La broderie mécanique est devenue pour la région de Saint-Quentin une industrie d’un caractère absolument indispensable. En effet, le tissage à bras a presque disparu, les établisse ments mécaniques : filatures et tis sages de coton, sont réduits à un nom bre excessivement limité. De nombreux tisseurs n’ont plus qu’une ressource, c’est de trouver un salaire dans la broderie. Le gouvernement avait d’abord pro posé au tarif minimum un droit de 900 fr. aux 100 kilog. augmenté du droit des tissus ou des tulles. Puis, les Chambres ont adopté d’une façon définitive le droit de 800 francs (augmenté du droit des tissus ou des tulles au tarif minimum). A ce moment, les brodeurs, patrons et ouvriers, pouvaient espérer que ce droit serait suffisamment compensa teur, qu’il leur permettrait de soutenir la concurrence suisse et allemande, et même de donner un certain déve loppement à cette industrie. Malheureusement, depuis le vote du tarif de 1892, un fait tout-à-fait nouveau dans les annales économiques des nations s’est produit en Suisse. A la suite des efiets du bill Mac Kinley aux Etats-Unis, des crises dans l’Amérique du Sud et des fluctuations de la mode, les salaires ont subi en Suisse une baisse considérable. Le salaire total du brodeur suisse a été réduit à 2 fr. 25 et même 2 fr. par jour ; sur ce prix il paie actuellement 75 cent, à sa fileuse. En raison de cette baisse considé rable des salaires en Suisse et de la répercussion du taux encore plus bas des salaires du Vorarlberg-Autrichien et de la Saxe, le droit fixe de 8 fr. au kilog. est devenu insuffisant pour notre industrie. Nous subissons, en outre, les efiets d’un approvisionnement considérable de broderies importées avant l’appli cation du nouveau tarif, accumulation qui pèsera sur nos affaires pendant plus d’une année. Si malheureusement une concession quelconque était faite à la Suisse, nous ne pourrions trouver de compensation ni dans une diminution tout à fait im possible de nos frais généraux, ni dans une économie irréalisable sur les tissus et les matières filées ; nous serions dans la malheureuse mais inéluctable nécessité de diminuer les salaires de nos ouvriers. Nous ne nous dissimulons pas la gravité de cette mesure, mais, nous l’affirmons avec tristesse, elle s’impo sera à nous d’une façon absolument impérieuse. A Saint-Quentin et dans les environs, le nombre des métiers à broder s’élève actuellement à 1,800. Si l’on veut bien...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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