Extrait du journal

PARIS Correspondances particulières du Journal de Saint-Quentin. Paris, 14 novembre. Le Constitutionnel d’hier matin contenait un article qui a produit quelque sensation dans le public qui n’est pas au courant de la ficelle — passez-moi te mot — du journalisme. Cet article, assez long, ne demande rien moins que la restauration immédiate d’une mo narchie. Le provisoire agonise, dit-il ; que l'As semblée fasse une Constitution dont le premier article sera de douuer au pays une forme mo narchique, puis le pays volera et choisira entre la République ou la monarchie. La Presse a répondu le soir assez mollement d’abord, puis finit par entrer dans les sens du Constitutionnel. Or, voici la ficelle dont je vous parlais plus haut. Les deux articles, demande et réponse, ont été écrits par M. de Girardin. Et l’on affirme tout simplement que c’est une manière détournée de pousser au plébiscite tant désiré par le parti bonapartiste. Hier soir également, le journal de M. Clément Duvernois, l’Or ire proposait que l’on fasse un plébiscite choisissant entre la république et la monarchie. Chaque électeur mettrait sur son bulletin de vote le nom de l’homme qu'il préfé rerait pour diriger l’une ou l’autre de ces insti tutions. Tout cela n’est pas bien pratique. Ne vaut-il pas mieux attendre que le pays soit complète ment remis des violentes secousses qu’il a éprouvées. Les partis ne devraient-ils pas com prendre qu’il vaut mieux avant de jeter la France dans de nouvelles agitations, lui laisser prendre un peu de repos, un peu de forces. Vraiment, c'est à croire que les gens qui aspirent au pou voir ne songent qu’à leur ambition et oublient totalement la patrie. La nouvelle que le pape viendrait se réfugier en France, n’est pas tout A fait aussi dénuée de fondement que l’on veut bien le dire. Voici assez exactement ce qui s’est passé. Il y a quelques semaines Pie IX fit demander à M. Tbiers s’il lui accorderait un asile en France, décidé qu'il était à quitter Rome. M. Tbiers fit répondre par M. d’Harcourt que le pape n’avait pas à douter...