Extrait du journal

douloureuses. Maxime était alors chef de bataillon. Mûri par l’expérience précoce des chagrins, hàlé par les campagnes, solidifié au physique comme au mural par la rude vie africaine, c’était un très bel officier, un peu sérieux, peu communicatif, d’une bienveillance tou jours entière. Ce fut pour Louise, surtout, qu'il se réjouitfranchement de celte rentrée en France après dix ans d’Afrique. Devenu l’unique soutien de cette sœur très chère, quoique si rarement revue, il prenait au sérieux ses devoirs de chef de fa mille, sans trop s’arrêter, dans sa loyauté rigide, aux côtés difficiles de la situation. En effet, Maxime, sevré des joie de l’inté rieur, voulait les ressusciter en partie, pour Louise et pour lui-même, en faisant à sa sœur un nid confortable et honoré dans son étroitq demeure d’officier garçon. Ce n’était point très pratique; mais ce serait extrêmement doux. Maxime l’offrit, Louise se fondit en enthousiastes actions de grâces, et, leur empressement à tous deux opérant des prodiges de célérité, le frère et la sœur se trouvèrènt bientôt réunis, heu reux, sous le même toit de celte garnison nouvelle, où d’autres émotions attendaient le commandant Le Tailleur. Louise, qui avait alors vingt-six ans, était uue personne affectueuse, enfantine, .d’intelligence ordinaire, le cœur excellent. Son dévouement à Maxime se teintait de reconnaissance. Elle-voulut prouver 1 un et l'autre en créant un petit paradis à ce jeune commandant si brillant, si aimé, un peu triste, qui l’associait à sa vie militaire. La chère fille en fut d’abord toute déso rientée, tant le ménage Le Tailleur, où trô nait sa mère, où raillait son père, l’avait peu...