Extrait du journal

— Le sentiment delà dignité nationale est profond en France; aussi est-il tout naturel que l’opinion publique se soit vivement émue dans un moment où l'honneur et les intérêts du pays sont, nous ne dirons pas directement menaces , mais an moins grave ment engagés. Toutefois, on commence à revenir de cette sorte de surexcitation qui a , pendant quelque temps, fait fermenter les esprits à un si haut degré. On sent que le calme et la modéra tion ne sont nullement incompatibles avec la dignité d’une grande nathon , et quelle doit montrer d’autant plus de réserve, et, si nous osons le dire, de sang-froid, qu’elle a la conscience intime de sa puissance et de son bon droit. On commence aussi à s’aper cevoir que ce n’est pas dans des circonstances telles que celles où nous nous trouvons , qu’ik faut empiéter sur les pouvoirs consti tués par la charte. Déjà l’on se défie de ces manifestations turbu lentes qui, en égarant les esprits les mieux intentionnés, peuvent ôteraugouvernementlalibertéd’action, au grand préjudice du pays. Beaucoup de gens qui avaient d’abord cédé à une généreuse im patience, conviennent que plus la situation est critique, plus il faut tenir haut et ferme le drapeau de nos institutions et ne pas s’a bandonner à des emporteraens indirects. Ces personnes , dont le nombre s’accroît, reconnaissent que le vrai patriotisme ne se laisse entraîner imprudemment ni dans des manifestations bruyantes au théâtre, ni dans des démarches illégales , formellement interdites par la loi. Ce retour à des idées de conciliation , de respect pour la légalité, se révèle depuis quelques jours avec un caractère d évi dence que nous aimons à remarquer. Le National lui-même, si fougueux encore ce matin, semble clair , comme malgré lui, à cette heureuse tendance. On sait qu’il avait provoqué d’abord et annoncé avec beaucoup de bruit la visite d’une partie des gardes nationaux au maréchal Gérard pour protester contre la conduite du gouvernement. Aujourd’hui, cette feuille , venaut en quelque sorte à récipiscence, annonce que la visite n’aura pas lieu et que cette protestation sera adressée aux chambres sous la forme d’une pétition. Voilà certainement une modification importante qui n échap pera point à l’attention générale. — Il s’agit sérieusement d’une convention de neutralité entre la Prusse, la Belgique, la Hollande et deux ou trois autres états qui font partie de la confédération germanique ; on dit que c’est au roi des belges qu’est due la première pensée d’un système de médiation , qui aurait pour but de maintenir la paix européenne. On ajoute que le cabinet de Berlin s’est empressé d’v donner son...