Extrait du journal

Journée du 16. Récit du National: La nuit et la matinée. L’intérêt principal de l’action était, cette nuit, sur la rive droite de la Seine, du côté de Neuilly et de Courbevoie. Sur la rive gauche, tout est resté à peu près calme jusqu’à minuit et demi, heure a laquelle a commencé une formidable canonnade. Le bombardement était dirigé principa lement sur le fort de Vanves. Le fort d’Issy a été cette fois beaucoup moins harcelé Les fédérés ne répondaient que faible ment. Ils ont pu se convaincre que l’effet de leurs batteries était à peu près nul sur celles de Chatillon ; et comme les muni tions pourraient venir à manquer, ils ne veulent pas les gaspiller inutilement. Vers une heure, une fusillade terrible a commencé dans les tranchées : c’étaient les fédérés qui attaquaient les avant-postes des Versaillais. Le nombre des morts et des blessés a été un peu plus considérable qu’hier, quoique la fusillade n’ait duré que fort peu de temps. Somme toute, il est incontestable que jusqu’ici les Parisiens ont beaucoup plus souffert que les Versail lais, et que les forts ne sauraient résister à un bombardement continu de deux ou trois jours. Le fort de Vanves est celui qui est le plus endommagé; les bastions ne sont plus tenables ; ceux qui les défendent sont obli gés de se tenir enfermés dans les case mates. Du reste, les fédérés font preuve du plus grand courage et paraissent déci dés à une résistance héroïque. Leur colonel Ledrux donne l’exemple à ses hommes, qui ont pour lui le plus grand attache ment. Les bataillons qui occupent les forts de Vanves et d’Issy ont déjà eu à supporter quatre bombardements, et ils ne doivent être relevés que mercredi. Des femmes et des enfants viennent à toul instant voir ceux des leurs qui sont en dehors et leur apportent des provisions. Les obus ne les arrêtent point et ne les ef frayent pas plus que pendant le siège. Les villages qui se trouvent dans le rayon des forts sont abandonnés. Plusieurs mai sons ont beaucoup souffert, quelques-unes...