Extrait du journal

PARIS. Correspondance particulière du Journal de Saint-Quentin. 47 décembre. Les ministres se sont réunis, ce malin, au palais des Tuileries, sous la présidence de l’Empereur. Le prince Constantin n’est attendu à Paris que demain ou après-demain. Il s’arrêtera à Fontainebleau où il des cendra chez le prince Trouhetskoï, beau-père du comte Orloff. Si l’amelioration survenue dans la santé de l'im pératrice-mère continue , S. A. I. ne restera ici que quel ques jours seulement, et repartira pour aller reprendre à Toulon le commandement de l’escadre russe qui l’attend dans ce port. Dans quelques cercles officiels on commente avec un certain intérêt les paroles attribuées au grand-duc Cons tantin dans sa conversation avec M. de Cavour, paroles empreintes d’un grand esprit de libéralisme, et qui, du reste sont parfaitement d’accord avec la conduite du prince dans l’affaire de l'affranchissement des serfs. Mais je ne pense pas qu’il faille y voir autre chose que l'expression d'un sentiment individuel, qui n’a aucun rapport avec les bruits d’une guerre remis de nouveau sur le tapis par les journaux entre le Piémont et l’Autriche. Le Moniteur a pris le soin tout récemment de prémunir l'opinion pu blique contre les exagérations qu’inspirent à certains journaux étrangers les affaires d’Italie , et, n’en déplaise aux publicistes autrichiens, il ne paraît pas qu’ils soient dans le vrai, lorsqu’ils prétendent que ce n’est que par tie remise et que dès le printemps prochain , de grands évënemens auront lieu dans plusieurs provinces de l’Ita lie du Nord. D’autres publicistes allemands annoncent que le cabi net de Dresde aurait offert ses bons offices pour amener une réconciliation entre les deux cours de Vienne et de St-Pétersbourg et que le voyage que M. de Pecbach vient de faire dans celle dernière capitale ne serait pas étran ger à ces tendances. Mais M. de Pecbach a des intérêts de famille en Russie, et le journal officiel, en annonçant que M. de Pecbach quittait Paris, où il représente le roi de Saxe , pour se rendre en Russie, a dit expressément qu’il ne faisait ce voyage que pour ses affaires personnel les. D’ailleurs, cet habile négociateur, qui, on se le rappelle , a réussi à écarter les obstacles qui tenaient éloi gnés la Russie et la France, et qui par ce beau succès a préparé la voie aux négociations suivies de la paix de Pa ris, serait il bien l’homme choisi en ce moment pour éloi gner de nouveau la France, en ménageant à l’Autriche le retour des anciennes relations avec la Russie. Mais la logique n’est pas précisément ce qui distingue la presse autrichienne , et il faut bien en prendre son parti. Vous savez que notre gouvernement a déclaré qu’il ne serait apporté aucune modification essentielle à nos tarifs douaniers jusqu’à l’année 4864. Cette déclaration a mis en éveil les intérêts qui réclament pour eux l’application du système protectionniste ; des enquêtes sur la situation des diverses branches de notre industrie ont eu lieu et se poursuivent, et j’apprends qu’en ce qui concerne parti culièrement l’industrie des laines, une commission spé ciale doit très-prochainement faire connaître et rendre public le résultat de l’examen à laquelle elle s’est livrée des importantes questions qui lui ont etc soumises. J'avais émis quelques doutes sur le projet de fixation à 40,000 fr. l’indemnité annuelle des membres du Corps legislatif. On m’affirme aujourd’hui que ce projet existe bien réellement. Le monde financier accueille favorablement le projet de la banque impériale dont je vous ai entretenu à di verses reprises. Son but principal serait de servir d’inter médiaire entre la Banque de France et les porteurs de rentes ou valeurs qui désireraient obtenir des avances....