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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 21 décembre 1848

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
21 décembre 1848


Extrait du journal

— Outre son nom, M. Louis Bonaparte a eu pour lui l’immense mécontentement qui s’est accumulé depuis dix mois au fond de toutes les âmes. Personne aujourd’hui ne peut le nier, le parti républicain n’a pas réussi en France. C’est la seconde fuis que cela arrive ainsi. Nous sommes fort disposés à croire que la République est une forme de gouvernement qui a des avantages. Nous le croyons, a cause de Gènes et de Venise, à cause de la Hollande et de la Suisse, à cause des Etats-Unis d’Amérique, mais nous ne pouvons pas le croire encore à cause de la France. En France, les républicains ont toujours fait tort à la Républi que.^ L’expérience est donc encore à faire dans notre pays, et il est évident que, pour la bien faire, il faut la faire avec d’autres hommes qu’avec les républicains de la veille, car ceux-là ne s’entendent qu’à perdre la cause. Nous attribuons le mécontentement aux hommes plutôt qu’aux institutions, parce que nous croyons que la France tient plus à avoir un bon gouvernement qu’une belle Constitution. Or, de puis dix mois les hommes ont beaucoup fait pour irriter et pour blesser la France. C’est surtout pendant les cinq premiers mois que le gouvernement du 24 février a semblé prendre à tâ che de se rendre odieux et impossible. Ce gouvernement avait un grand tort : il était l’œuvre d’une minorité elle résultat d’un coup de main. 11 fallait qu’il se fit populaire par l’exercice du pouvoir, ne pouvant pas l’être par son origine. Loin de là , il a cherché la popularité dans l’esprit révolutionnaire ; il a convié la société à la destruction de l’ordre social, comme à une fête civique. Le jour où la société a été appelée à dire son avis sur ces fantaisies ruineuses et ces simagrées immorales, elle l’a dit énergiquement. Tel est le fait du scrutin de la présidence. C’est une protestation contre les hommes de 24 février , protestation contre le gouvernement de la minorité. Quand nous conseillions aux hommes éclairés et modérés qui rattachés à la République de faire dater la République du 4 mai, c’est-à-dire de l’Assemblée Nationale, et non pas du 24 lévrier, nous sentions bien que le pays, blessé d’avoir été gouverné sans avoir été consulté, gardait rancune au 21 février, et repousserait tôt ou tard tous ceux qui l’avaient fait et ceux même qui s’v é* taient rattachés de trop près. Ceux qui ont fait le 24 février, voyez comme il les repousse. Voyez M. Ledru-Rollin et surtout M. de Lamartine. Quelle chutel quelle expiation ! Nous plaignons sincèrement M. de Lamartine ; mais nous ne trouvons pas qu’il soit frappé injustement, s’il est vrai que la justice divine redemande à chacun selon ce que cha cun a reçu. Qui avait plus reçu que M. de Lamartine ? qui a eu plus de pouvoir pour bien faire ? La vieille admiration que nous avons pour M. de Lamartine le défendra toujours dans notre âme contre la répugnance et la douleur que nous a fait ressentir sa conduite politique. Nous nous trouvons trop vengés. M. de La martine est, dans le scrutin de la présidence. au-dessous de M. Ledru-Rollin. Ali ! disons bien vite que si M. de Lamartine est ainsi tombé, c’est qu’il n’a plus voulu avoir Ier. voix des ré volutionnaires, et nous l’en félicitons. Mais pourquoi n’a-t-il pas eu les voix, ou quelques voix du parti modéré? Parce qu’il a fait le 24 février, parce qu’il a été membre du gouvernement de février. Et le général Cavaignac ? Pourquoi, malgré ses incontestables services, malgré sa modération, sa valeur personnelle et ses bons sentimens, a-t-il été écarté de la présidence? Que pouvaiton lui reprocher ? 11 n’avait pas fait le 24 février et il avait em pêché le 23 juin, c’est-à-dire qu’il n’avait pas fait le mal et qu’il avait fait le bien. Ce n’est pas tout : il s’était, dans une certaine...

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Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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